FN : ce qui attend Marine Le Pen

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Hélène Favier , modifié à
Au sein d'un parti vieillissant et divisé, quels sont les chantiers de la nouvelle présidente du FN.

Quatre jours après avoir officiellement pris les rênes du Front National, Marine Le Pen a présenté jeudi la nouvelle organisation du FN. Une nouvelle équipe qui aura fort à faire dans ce parti vieillissant et tout juste remis à flot financièrement. Voici les quatre chantiers qui l'attendent :

Retrouver l’unité - La bataille pour la succession de Jean-Marie Le Pen, entre sa fille Marine Le Pen et son héritier idéologique Bruno Gollnisch a laissé des séquelles tant, elle a été symptomatique du fossé générationnel qui divise le parti. De fait, nombre de militants - plus anciens - ne se retrouvent pas dans les idées soutenues par la présidente du parti. Le départ, le 15 janvier dernier, du co-fondateur du FN, Roger Holeindre, est à ce titre caractéristique. En somme, si Marine Le Pen veut éviter de trop nombreux départs, il lui faudra laisser une place aux partisans de Bruno Gollnisch. Elle devrait d’ailleurs leur laisser occuper 40 % du bureau politique.

Le FN doit renouveler sa base militante

Incarner un renouveau idéologique - "Son discours d’investiture, dimanche dernier, le montre bien : Marine Le Pen est déjà passée à l’offensive", explique à Europe1.fr, le sociologue Sylvain Crépon, spécialiste du Front National. "D’un point de vue idéologique, son allocution était très imprégnée de ce qu’était, dans les années 1990, le FNJ, le Front national "jeunes". Elle a ainsi martelé l’importance du social. Or, à une époque, le FNJ avait pour slogan "le social, c’est le FN". Autres points communs avec ce courant : le rejet des clivages politiques et la défense de la République et de la laïcité", ajoute le chercheur citant des thèmes qui sont récents au FN. A l'inverse, il existe des sujets que Marine Le Pen n'aborde plus ou quasi plus : la guerre d’Algérie, par exemple, un thème pourtant cher à certains frontistes.

La nouvelle présidente du parti entend ainsi incarner un renouveau idéologique et attirer de nouveaux militants, dont le parti aurait bien besoin, eu égard à sa base vieillissante. Lors du congrès de Tours, "j’ai rencontré des jeunes, nouveaux au FN et qui venaient de l’UMP. Avec ce changement idéologique, le parti frontiste attire donc une autre génération, une autre population - issue de catégories socioprofessionnelles différentes", explique encore Sylvain Crépon.

Le Bloc Identitaire comme vivier d'idées

Garder à distance les autres partis d’extrême-droite - Le FN a donc une base militante vieillissante. Le Bloc Identitaire - autre parti d’extrême droite, organisateur notamment des apéros "saucisson pinard" -, lui, en regorge. "Un temps, un rapprochement entre les deux partis aurait, pour cette raison, été possible, mais des conflits de personnes empêchent désormais un tel projet", indique Sylvain Crépon. Une alliance entre les deux partis reste donc hypothétique. Ce qui n’empêche pas Marine Le Pen de se servir du BI comme d’un vivier d’idées. "Dans sa rhétorique sur l’Islam, les prières dans les rues, etc., Marine Le Pen a tout emprunté au Bloc", ajoute le chercheur.

Se passer de la presse d’extrême droite ? - Durant sa campagne, Marine Le Pen s’est heurtée à la presse dite "nationale". Ainsi, les trois principaux titres d’extrême droite - Rivarol, Minute et Présent - ont tous pris position contre elle. En représailles, la nouvelle présidente du FN a refusé de les accréditer pour le Congrès de Tours. Bref, "elle leur a fait passer un message : qu’elle peut très bien se passer d’eux", analyse Sylvain Crépon. Reste à savoir si elle gardera cette position ? "Cela pourrait d’ailleurs l’aider dans son entreprise de dédiabolisation du FN", conclut le spécialiste du Front National.