FMI : Lagarde est bien placée, mais…

© MAXPPP
  • Copié
B.P. avec Martial You et agences , modifié à
Les soutiens se multiplient : Christine Lagarde pourrait diriger le FMI, malgré l'affaire Tapie.

Après l’officialisation, jeudi par communiqué, de la démission de Dominique Strauss-Kahn, dans l’air depuis son inculpation dans une affaire de mœurs outre-Atlantique, les spéculations sur sa succession vont bon train. Et parmi les favoris à la succession de DSK figure Christine Lagarde, l'actuelle ministre des Finances. Depuis quelques heures, les soutiens se font de plus en plus nombreux.

Jeudi soir, sur Europe 1, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a clairement indiqué qu'il considérait Christine Lagarde, comme une "candidate idéale" à la succession de Dominique Strauss-Kahn au FMI.

La Suède, l'Allemagne ou encore l'Italie sont "pour"

D’après plusieurs sources sérieuses, quelques pays manifestent leur soutien à l’actuelle pensionnaire de Bercy. C’est le cas d’Anders Borg, le ministre suédois des Finances qui juge qu’elle "a montré de grandes qualités de dirigeante à l’Ecofin et au G8". L’Allemagne aussi serait parmi les partisans de Christine Lagarde. Le Süddeutsche Zeitung, citant une source proche du gouvernement, affirme que Berlin soutiendrait la Française. Une information relayée le Handelsblatt qui explique que la chancelière Angela Merkel soutiendrait la candidature de la ministre française. Christine Lagarde juge elle que "ce n’est pas d’actualité et l’hypothèse est jugée déplacée". Ce qui ne l’empêche pas de se placer discrètement. Récemment, une source proche de la ministre ne cachait pas son intérêt pour la fonction. Christine Lagarde elle-même évoque régulièrement son attrait pour les Etats-Unis où elle a longtemps travaillé et où elle aimerait retourner vivre.

Cet avis est également partagé par l'Italie. Le président du Conseil Silvio Berlusconi a affirmé que la ministre française serait un "excellent choix" pour diriger le Fonds monétaire international. De même, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a indiqué jeudi sur Europe 1 qu'il considérait Christine Lagarde, comme une "candidate idéale". Et ce, avant d'ajouter : "mais nous n'en sommes pas là".

La ministre n'est toutefois pas soutenue officiellement par la France. Nicolas Sarkozy plaide pour un futur directeur européen. Mais il ne cite aucun nom. Dans un communiqué de l'Elysée, le chef de l'Etat affirme que l'Union européenne est "en mesure de présenter une candidature de très grande qualité".

Une concurrence mondiale

Jugée "candidate crédible" par un diplomate européen, la ministre française pourrait donc succéder à Dominique Strauss-Kahn. Pour autant, quelques voix, comme celle du ministre de Finances suédois ou de l'Espagnole Elena Salgado, encouragent tout simplement à l'élection d'une femme dont elle juge la présence "faible dans des postes à responsabilités". Quant aux Etats-Unis, qui disent souhaiter une "succession rapide" et "ouverte", ils assurent "n'avoir pris de position sur aucun candidat en particulier", en la voix de la secrétaire adjointe au Trésor Lael Brainard.

Cependant, tout ne donne pas Christine Lagarde gagnante. D’abord, sa nationalité. Depuis 1946, sur les onze Européens qui ont dirigé le FMI, quatre ont été français, ce qui constitue un handicap. Et les pays émergents verraient d’un bon œil un changement notable à la tête du Fonds. Turcs, Brésiliens, Russes ou Africains pourraient ainsi avancer leurs pions en vue d’une élection sur un mandat de cinq ans. Ce qui inquiète les Européens. Endommagée par les problèmes grecs et portugais, la zone euro peut actuellement compter sur un FMI concentré sur ses problèmes, ce qui pourrait considérablement changer en cas de direction non-européenne.

L’"affaire Tapie" pourrait plomber Lagarde

Voilà un souci stratégique qui devrait se résoudre de lui-même dans les prochains jours, lorsque sera clairement défini le calendrier du FMI, dont la direction générale est attribuée par intérim au n°2, l’Américain John Lipsky. Mais Christine Lagarde ne navigue actuellement pas en eaux calmes. "L’affaire Tapie" est ressortie et avec elle les risques de discrédit sur Lagarde. Un procureur l’a ainsi récemment menacée d’une enquête dans le dossier qui opposait Bernard Tapie au Crédit lyonnais et pour laquelle Christine Lagarde n’aurait pas tout fait pour défendre les intérêts de la France.

Un rapport de la Cour des comptes critiquant le choix de la ministre d’attribuer 285 millions d’euros à l’ex homme d’affaires dévoilé par Le Canard enchaîné pourrait en effet faire boule de neige. Le procureur de la Cour de cassation a demandé le 10 mai une enquête pour "abus d’autorité" portant sur le rôle de Christine Lagarde dans cette affaire. Une "affaire" qui, si elle va trop loin judiciairement, risque de décrédibiliser totalement la candidature de Christine Lagarde. En pleine tourmente strauss-kahnienne, le Fonds monétaire international se passerait volontiers d’une nouvelle médiatisation négative.

> Retrouvez toutes les dernières informations sur l'affaire DSK en cliquant ici.