Fleur Pellerin, une "leçon" pour la Corée

Fleur Pellerin est la nouvelle ministre déléguée chargée des PME, de l'innovation et de l'économie numérique.
Fleur Pellerin est la nouvelle ministre déléguée chargée des PME, de l'innovation et de l'économie numérique. © MAXPPP
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GS avec AFP , modifié à
La nomination de la ministre des PME suscite le débat en Corée du Sud.

Le France continue de faire bouger les conservatismes du monde. À commencer par ceux de la Corée du Sud, interloquée par l'entrée au gouvernement français de Fleur Pellerin, nouvelle ministre déléguée chargée des PME, de l'innovation et de l'économie numérique.

Depuis sa nomination, les grands titres du pays lui ont en effet consacré de nombreuses Une, en publiant des photos de la jeune promue et des articles retraçant son parcours exemplaire, d'une cité HLM de la banlieue parisienne aux plus hauts honneurs de la République.

"Inclination à ostraciser et brimer les autres"

Dans un édito, le Hankyoreh Daily estime ainsi que la réussite de Fleur Pellerin témoigne de "l'intégration des minorités dans la société française et de ses valeurs progressistes". L'arrivée de Fleur Pellerin dans le gouvernement Ayrault, ajoute le journal, devrait inciter les Sud-Coréens à s'interroger sur "le bon sens de la société française qui a permis à un enfant à la couleur de peau différente et un passé difficile de devenir ministre". "Malheureusement, s'agissant de l'adoption, il y a peu de différences entre la Corée de 1974, année de l'adoption de Madame Pellerin, et la Corée d'aujourd'hui", a aussi déploré le quotidien en soulignant que la Corée du Sud restait, près de quarante ans plus tard, un pays de choix pour les adoptions à l'étranger.

"Nous devons juger sans complaisance notre inclination à ostraciser et brimer les autres en raison de leur différence, que ce soit la couleur de leur peau ou leur orientation sexuelle", a également relevé le journal, en référence au relatif conservatisme de la société sud-coréenne, en particulier à l'endroit des immigrés, victimes de discrimination à l'école ou au travail.

Et la presse n’est pas la seule à saluer l’entrée au gouvernement de la jeune ministre. Le Parti de la nouvelle frontière (NFP, conservateur) au pouvoir a estimé que la Corée du Sud devait "tirer les leçons de la réussite de Fleur Pellerin pour s'ouvrir et promouvoir l'égalité des chances pour l'ensemble de ses habitants, sans distinction d'origine".

"Ils ressentent une sorte de culpabilité"

"Nous devons apprendre du système social français qui garantit les mêmes opportunités pour tous, qu'on ait été adopté ou qu'on vienne de l'immigration", estime le NFP. Le parti déclare également espérer "que sa nomination contribuera à sceller des relations amicales et fructueuses entre les deux pays".

Diplômée de Sciences Po et de l'Ecole nationale d'administration (ENA), puis conseillère à la Cour des comptes Fleur Pellerin, 38 ans, a été la responsable de l’économie numérique dans l’équipe de François Hollande.

Née en Corée, mais abandonnée à sa naissance, Fleur Pellerin a été adoptée six mois après par une famille française. "Elle s'est épanouie comme une fleur à Paris après avoir été abandonnée en Corée du Sud", écrit ainsi le journal Hankook Ilbo.

Ancienne présidente du "Club XXIe siècle" qui réunit l'élite des minorités visibles dont la vocation est de promouvoir la diversité en France, Fleur Pellerin a de son côté indiqué qu'elle ne se "perçoit pas comme asiatique" et fait valoir ses compétences plutôt que sa différence.

Interrogée sur l'intérêt que lui porte la presse sud-coréenne, elle a évoqué "une sorte de culpabilité collective d'avoir fait partir des enfants à l'adoption dans les années 1970". "Maintenant, ils essaient de renouer le lien et de voir ce que sont devenus ces enfants", explique "Jong-Sook", son prénom de naissance qui signifie "claire, transparente."