Financement des campagnes 2012 : le FN et deux de ses dirigeants renvoyés en procès

Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN, est visé pour recel d'abus de biens sociaux.
Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN, est visé pour recel d'abus de biens sociaux. © ERIC FEFERBERG / AFP
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avec AFP , modifié à
La justice enquête sur des soupçons d'enrichissement frauduleux aux frais de l'Etat lors des campagnes législatives et présidentielle de 2012.

Les juges d'instruction ont renvoyé en procès le Front national et deux de ses dirigeants, Wallerand de Saint-Just et Jean-François Jalkh, dans l'enquête sur des soupçons d'enrichissement frauduleux aux frais de l'Etat lors des campagnes législatives et présidentielle de 2012, a-t-on appris jeudi de sources concordantes

Complicité d'escroquerie. Les magistrats ont ordonné le renvoi en correctionnelle du parti pour complicité d'escroquerie lors des législatives et recel d'abus de biens sociaux, a précisé une source proche du dossier. Son trésorier Wallerand de Saint-Just est visé pour le délit de recel d'abus de biens sociaux et l'un de ses vice-présidents Jean-François Jalkh pour escroqueries, abus de confiance et recel d'abus de biens sociaux, a indiqué la même source. Les soupçons portent sur l'existence d'un système pour capter de l'argent public, en profitant des remboursements de l'Etat sur les frais de campagne, des faits vigoureusement contestés par le FN.

Au coeur de l'enquête, des kits de campagne. Le principal volet de l'affaire porte sur les législatives de 2012. Au centre de l'enquête, des kits de campagne (tracts, affiches, cartes postales), au tarif de 16.650 euros, fournis à quelque 525 candidats par la société Riwal, dirigée par un très proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon. Pour les acheter, les candidats devaient contracter un prêt avec intérêts auprès de Jeanne, mouvement satellite du FN. Les enquêteurs voient derrière ce montage complexe des prestations gonflées et surfacturées au détriment de l'Etat, qui rembourse les frais de campagne aux candidats dépassant 5% des voix.

Les juges soupçonnent un système imposé aux candidats sans tenir compte de leurs besoins sur le terrain ni de la réalité de leur campagne, "dans l'unique but de majorer des dépenses électorales remboursables", avait expliqué une source proche de l'enquête. Les juges ont ordonné le renvoi en procès de Frédéric Chatillon pour faux, escroqueries, abus de biens sociaux, ainsi que les personnes morales Riwal et Jeanne, notamment pour escroqueries, a rapporté l'une des sources. L'élu régional FN Axel Loustau, qui était en 2012 à la fois trésorier de Jeanne et actionnaire de Riwal, a aussi été renvoyé en correctionnelle. Marine Le Pen avait été entendue dans ce dossier sous le statut de témoin assisté, sans être mise en examen.