Fin des emplois familiaux à l’Assemblée nationale : "c’est une mascarade"

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Maxence Lambrecq, édité par B.B , modifié à
La femme du député FN Gilbert Collard continue de travailler pour lui, mais "gratuitement".
TÉMOIGNAGE

Une page se tourne à l’Assemblée nationale. Depuis vendredi, c’en est en effet fini des emplois familiaux. Certains, comme le député LREM François-Michel Lambert, ont attendu le dernier moment – 15 février - pour se séparer de leurs proches, mais l’Assemblée assure que tout le monde a joué le jeu. Europe 1 a quand même trouvé quelques rebelles.

'Elle continue à faire le boulot, mais gratuitement". Il a licencié sa femme, Anne-Marie, et dans les règles : courrier, entretien, indemnités. Mais, apparemment, le député du Front national Gilbert Collard n’arrive pas à s’en passer : "elle continue à faire tout ce qu’elle a fait jusqu’à présent. Elle a toujours travaillé avec moi, elle fait le courrier, prend des rendez-vous, organise des dossiers. Elle continue à faire le boulot, mais gratuitement".

Une activité 100% bénévole et donc légale. Le député du Gard assure qu’il n’est pas le seul à s’amuser un peu avec les nouvelles règles : "vous avez des couples illégitimes qui travaillent ensemble, et cela ne dérange personne. Vous avez des députés qui font travailler l’épouse ou l’époux d’un autre député, cela ne dérange personne. C’est une mascarade".

"Le vrai sujet, ce n’est pas l’emploi familial, c’est l’emploi fictif". Pour de nombreux députés, ce n’est qu’une loi d’affichage, puisqu’il est toujours possible d’embaucher son amant, son beau-frère ou sa nièce, par exemple. Le député de Vaucluse, Julien Aubert, n’a qu’un mot à la bouche,  hypocrisie : "on n’a plus le droit d’employer de manière concrète un membre de la famille. Par contre, ceux qui emploient de manière fictive des gens qui ne sont pas de leur famille ne seront pas inquiétés. On est au comble de l’hypocrisie. Le vrai sujet, ce n’est pas l’emploi familial, c’est l’emploi fictif, et on n’a pas avancé d’un iota."

En effet, l’activité des 2.000 collaborateurs parlementaires n’est pas contrôlée. Ils n’ont de comptes à rendre qu’à leur député, et ce n’est pas prêt de changer.