Fin de cure médiatique et rentrée "apaisée" pour Marine Le Pen

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La présidente du FN va peu à peu sortir de son silence médiatique en ce début d’année. Avec, toujours, la volonté de présenter un visage plus rassembleur. 

Marine le Pen, vous vous souvenez ? La présidente du FN, que les sondages donnent présente au second tour de l’élection présidentielle, avait décidé de se faire rare  en 2016. C’en est désormais fini de cette cure de silence. A moins de quatre mois de la présidentielle, l’eurodéputée frontiste va faire sa réapparition sur les radars. Elle compte profiter du temps de parole accumulé pendant son retrait médiatique pour montrer un visage plus rassembleur. La seule manière d’enfin briser le plafond de verre électoral sur lequel son parti s’est cogné lors des dernières élections régionales, avec zéro région remportée malgré des scores importants. Objectif : de l’emporter au printemps.

Déplacements, émissions et programme

Le mois de janvier sera ainsi chargé pour Marine Le Pen. Selon Le Monde, la présidente du Front national effectuera deux déplacements par semaine sur le terrain, en espérant à chaque fois faire parler d’elle. Un parcours qui doit la mener aux assises présidentielles de Lyon des 4 et 5 février, où elle présentera son programme.

Côté médiatique, elle compte rattraper son retard en matière de temps de parole, après que l’espace a été saturé par la primaire de la droite puis, dans une moindre mesure, par le même scrutin du côté du PS. Après ses vœux à la presse, le 4 janvier, Marine Le Pen interviendra, selon son agenda, dans trois matinales radio, dont celle d’Europe 1 le 24 janvier. Et quelques jours après avoir dévoilé son programme, elle sera l’invitée de L’Emission politique, le programme phare de France 2, le 9 février. Suivront, outre des réunions publiques, une série de grands meetings, notamment à Nantes, Lille, Bordeaux et Paris, le 17 avril, six jours avant le premier tour.

"Apaisée"

Un calendrier précis, donc, avec aussi la volonté d’apparaître, dans la même veine que ses vœux en ligne, "apaisée", comme l’indique son slogan de l’année 2016 ("La France apaisée"). A cet égard, l’interview qu’elle a donnée sur BFMTV a tout d’un cas d’école. Point d’agressivité ou d’attaques personnelles, Marine Le Pen n’a pas haussé le ton, tout en ne se privant pas d’attaquer son nouvel adversaire préféré, François Fillon.

Quitter l'Union européenne ? "Non". Changement sur la forme donc, et des nuances sur certains sujets sensibles pour le Front national. Ainsi, c’est l’immigration qu’elle combat, "pas les immigrés", a-t-elle affirmé. Et sur l’Union européenne aussi, une prudence de bon aloi. "Non", répond-elle par exemple quand elle est interrogée sur sa volonté  de voir la France quitter l’Union européenne. Sans doute se rappelle-t-elle qu’au moment du Brexit, plusieurs sondages avaient montré que les Français étaient plus que mesurés concernant une telle issue. "Je pense qu’il faut renégocier avec l’Union européenne", a précisé la présidente du FN, plaidant pour un retour aux frontières nationales et à la souveraineté sur plusieurs sujets. Une renégociation avec les partenaires européens qui devra être "sanctionnée par un référendum".

Idem quand il s’agit de parler d’un retour au franc, pas franchement populaire lui non plus. Marine Le Pen propose désormais le concept de double monnaie. "Une monnaie nationale avec un euro monnaie commune. Ça, ça ne me pose pas de problème", a-t-elle  lancé, sans préciser les modalités d’une telle coexistence.

Fondamentaux. Marine Le Pen n’oublie toutefois pas quelques fondamentaux. La présidente du FN a ainsi rappelé qu’elle voulait mettre fin à l’immigration, rétablir les frontières, supprimer l’Aide médicale d’Etat et en finir avec le droit du sol. Telle est son éternelle et difficile équation : lisser son discours pour élargir sa base électorale, tout en ne faisant pas fuir les électeurs de toujours du Front national.