Fillon, seul au monde à l’UMP

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B.B , modifié à
RÉACTIONS - Ses anciens ministres n’ont pas digéré sa sortie sur le FN.

Le contexte. François Fillon l’a une nouvelle fois répété lors d’une réunion à Nice, samedi soir : il ne veut plus entendre parler de "ni-ni " ou de "front républicain". Lui votera pour le candidat "le moins sectaire", même s’il est issu du Front national. Ce revirement de l’ancien Premier ministre a suscité un flot de réactions parmi sa famille politique, qui ne comprend pas la posture du député de Paris.

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Jean-François Copé

Copé n’a "pas très bien compris". Si François Fillon voulait faire parler de lui, c’est réussi. Depuis sa sortie, dimanche dernier sur Europe 1, pas un jour ne passe sans qu’un ténor de l’UMP ne prenne position. Et autant dire tout de suite que l’ancien Premier ministre est bien seul, même si ses troupes tentent de dédramatiser son propos. Mardi, "l’affaire Fillon" a été abondamment commentée lors du comité politique hebdomadaire de l’UMP, selon un des participants. Jean-François Copé a d’ailleurs rappelé à voix haute la ligne officielle du parti qu’il dirige : "ni FN, NI PS", ajoutant n'avoir "pas très bien compris" la sortie de son rival. Il n’est pas le seul.
 

ALAIN JUPPE ET FRANCOIS FILLON

Ses anciens ministres le lâchent. Dès lundi, Alain Juppé avait pris ses distances avec François Fillon, assurant sur le site de L’Express qu'il ne mettait pas le FN et le PS "sur le même plan". Nathalie Kosciusko-Morizet, a jugé "de la responsabilité d'un homme ou d'une femme politique de dire clairement, dans des situations particulières comme un duel FN-PS, ce qu'il ferait". La députée de l'Essonne a réaffirmé que, "s'il n'y a pas d'autre choix, je ne renvoie pas dos à dos le FN et le PS", rappelant l'avoir "dit et même écrit" dans un livre intitulé "Le front antinational", sorti en juin 2011. Luc Chatel a, lui, "du mal à comprendre" la position de François Fillon. "Le FN est l'allié objectif du PS, le FN veut la mort de l'UMP, et on voudrait lui faire la courte échelle ?", a assuré l'ancien ministre du l'Education.

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L'ancien ministre Bruno Le Maire a assuré à son tour, sur RTL, qu'il ne voterait jamais pour un candidat du Front national, parti qui "n'apporte aucune solution" aux problèmes français. "C'est un mauvais débat pour ma famille politique", a regretté l'élu de l'Eure, parce qu'il "remet systématiquement le FN au centre du jeu".

benoist apparu

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Raffarin inquiet pour l’avenir. Benoist Apparu, lui, a d’abord cru à une erreur de l’ancien Premier ministre. "J'imagine simplement, et ça nous arrive à tous, qu'il y a un moment" où  "on dit une bêtise". Le président UMP de la commission des Finances du Sénat, Philippe Marini, s'est lui aussi dit "surpris" par les mots employés par le député de Paris.  Sauf que depuis, François Fillon a réitéré sa position… Le coup de grâce a été porté par Jean-Pierre Raffarin, dans un tweet publié samedi. Un message de 140 signes qui veut dire beaucoup :

Seul Geoffroy Didier a salué ce changement de cap. Pour le co-fondateur de la Droite forte, cette évolution est "une victoire idéologique" de son mouvement, qui incarne la droite de l'UMP. "Nous avons toujours dit qu'une part de notre mission était d'aller vers les électeurs du Front national, de nous adresser à eux. Le tournant de François Fillon est véritablement une victoire idéologique de la Droite forte", s'est-il réjoui.

Dans un communiqué, le mouvement qu'il co-dirige avec Guillaume Peltier ajoute toutefois souhaiter que l'UMP "assume son statut de premier parti politique de France et cesse de se positionner par rapport aux autres formations politiques". "Comme Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, nous sommes attachés au 'ni ni' qui signifie avant tout, dans notre esprit, que l'UMP n'a aucunement à se positionner par rapport au parti socialiste ou par rapport au FN. Le 'ni ni' : cela signifie l'UMP au premier tour, puis l'UMP au second tour", poursuit le texte.