Fillon : les syndicats, "cocus" de la gauche

François Fillon en Seine Saint-Denis pour soutenir les candidats UMP.
François Fillon en Seine Saint-Denis pour soutenir les candidats UMP. © MAXPPP
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L.B , modifié à
L'ex-Premier ministre juge que le gouvernement a déjà fait marche arrière sur la retraite à 60 ans.

Syndicats et organisations patronales ont défilé toute la journée à Matignon. Dossier prioritaire sur la table : le retour à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler jeune et ont cotisé suffisamment longtemps pour la toucher à taux plein (41 ans).

Hier à Matignon, aujourd'hui dans l'opposition. François Fillon n'a pas attendu bien longtemps pour décocher les premières flèches contre Jean-Marc Ayrault, son successeur rue de Varenne. En marge d'une visite à Rosny-sous-Bois mardi, l'ancien Premier ministre a pris les paris : "les syndicats vont être les premiers cocus de la gauche".

"Les syndicats vont être les premiers cocus de la gauche"

Venu soutenir des élus UMP candidats aux législatives dans un département acquis à la gauche, le Sarthois en a profité pour livrer ses premières impressions sur le dossier de la retraite à 60 ans. "La gauche s'était engagée sur le retour à la retraite à 60 ans. Je vois que ce n'est déjà plus d'actualité puisque maintenant, ça n'est plus que pour ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans. C'est donc une hypocrisie", a-t-il raillé.

Car concernant le décret en préparation sur les retraites, les contours restent à préciser. Les syndicats mettent la pression pour que tous les trimestres "validés" soient pris en compte, en incluant les périodes de maladie et de chômage. Or, dans une interview à L'Express, Jean-Marc Ayrault a seulement évoqué mardi la prise en compte de congés de maternité, arrêts maladie et du service militaire, soulignant que le gouvernement n'entendait pas aller au-delà de l'enveloppe de cinq milliards d'euros prévue. Une question brûlante sur lequel l'UMP entend bien peser.

Pour François Fillon, pas de doute : "les syndicats vont être les premiers cocus de la gauche", comme "cela a souvent été le cas dans l'Histoire". Et le candidat à la députation d'argumenter. "Pendant tout le débat parlementaire, la gauche nous a expliqué que si elle revenait au pouvoir, elle abrogerait la réforme qui a été votée. Je vois qu'aujourd'hui, il n'est plus question de l'abroger mais simplement de l'aménager". Quitte à livrer quelques contre-vérités. Car le candidat Hollande ne s'est jamais engagé à abroger la réforme des retraites de 2010 mais à permettre un départ à 60 ans des salariés ayant commencé à travailler très tôt.

La droite sent une brèche

La retraite à 60 ans pourrait bien devenir le nouveau cheval de bataille de la droite. Sous la houlette de leur chef de file, Christian Jacob, les députés UMP (majoritaires dans l'Assemblée nationale sortante) ont obtenu que la commission des Affaires sociales se réunisse mardi prochain afin d'examiner les propositions du gouvernement socialiste sur les retraites. Pensant avoir décelé une brèche au sein du gouvernement, le groupe UMP espère bien s'y engouffrer.

Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale sur son compte twitter :

Remise en cause de la réforme des retraites : Marisol Touraine sera auditionnée par la commission des Aff. sociales mardi prochain #ANMay 29 via webFavoriteRetweetReply

"On a vraiment le sentiment, à propos des retraites que la boite de Pandore est ouverte. Ça part dans tous les sens. Il y a un chantage mené par le Front de gauche et par l'extrême gauche", a commenté Christian Jacob. Et histoire de bien maintenir la pression sur le gouvernement, les députés UMP ont un autre objectif : auditionner les ministres de tutelle de ce dossier.

"La droite n'a toujours rien compris"

Une posture qui ne semble pas effrayer la gauche. "La droite n'a toujours rien compris à l'aspiration des Français au changement et à la justice", ont écrit dans un communiqué François Brottes, président du groupe par interim et Bruno Le Roux, son porte-parole. "En s'acharnant contre le projet de décret du gouvernement Ayrault ouvrant le droit à la retraite à 60 ans pour les salariés qui ont leurs annuités de cotisation, l'UMP veut maintenir l'une des plus grandes injustices du quinquennat Sarkozy: l'obligation faite aux ouvriers ou aux employés de travailler plus longtemps que les autres".

Le débat sur les retraites se tiendra mardi prochain à la commission des Affaires sociales à l'Assemblée. "Une épreuve de vérité grandeur nature à 5 jours du premier tour des élections législatives", selon les deux responsables PS. La mesure, qui sera financée par une hausse des cotisations sociales, fera l'objet d'un prochain décret lui aussi soumis à des consultations spécifiques mercredi et jeudi sous l'égide du ministère des Affaires sociales.