Fillon joue la fermeté face aux magistrats

François Fillon s'est montré moins virulent que Nicolas Sarkozy vis-à-vis des magistrats.
François Fillon s'est montré moins virulent que Nicolas Sarkozy vis-à-vis des magistrats. © REUTERS
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Le Premier ministre juge démesuré le mouvement de protestation des magistrats, entamé jeudi.

Dans un discours à Matignon, François Fillon a qualifié lundi d’ "excessive" la réaction des magistrats qui ont lancé un vaste mouvement de protestation, en réaction à des propos de Nicolas Sarkozy sur leur laxisme présumé. Le président de la République avait pointé des "dysfonctionnements" après la découverte d’une partie du corps de Laëtitia Perrais, dont le meurtrier présumé, Tony Meilhon, serait passé entre les mailles du filet judiciaire à plusieurs reprises.

Les magistrats rappelés à leur "devoir de responsabilité"

"Les magistrats de l'ensemble du pays (...) ont décidé un mouvement de protestation de plusieurs jours conduisant à la suspension du cours de la justice au-delà des urgences. Leur réaction est excessive. Je crains qu'elle ne puisse pas être comprise des Français", a déclaré François Fillon, appelant les magistrats à honorer leur "devoir de responsabilité."

"Il était prévu qu'il (Tony Meilhon) soit suivi par un service de probation. Il ne l'a pas été. C'est un dysfonctionnement et ce dysfonctionnement est suffisamment grave dans ses conséquences pour le gouvernement ne puisse accepter de s'en tenir là", a ainsi souligné le chef du gouvernement.

Comme Nicolas Sarkozy la semaine dernière, François Fillon a assuré que des sanctions seraient prises, mais seulement après enquête, s’il était avéré que des juges s’étaient rendus coupables de négligence dans le suivi de Tony Meilhon. "Si des fautes sont relevées par des inspections, elles seront sanctionnées", a ainsi exposé François Fillon.

Un rapport sur les moyens de la justice française

Le chef du gouvernement a par ailleurs demandé aux ministres de la Justice et de l’Intérieur, Michel Mercier et Brice Hortefeux, d’établir un rapport sur le manque de moyens dans le monde judiciaire.

"Il s'agit d'améliorer l'organisation et les méthodes de travail et les deux sont indissociables", a argumenté le Premier ministre.

Fillon, plus pragmatique que Sarkozy

Nicolas Léger, le secrétaire général de l’Union syndicale des magistrats (USM), à l’origine d’un appel national à la suspension des audiences, a réagi aux propos du Premier ministre sur la chaîne i-Télé. Le magistrat a noté de "sérieuses divergences" entre les propos tenus la semaine dernière par Nicolas Sarkozy et ceux de François Fillon, qui, lui, "attend l’enquête" avant d’accuser la justice.

Selon Nicolas Léger, "il eut été préférable que Nicolas Sarkozy attende que les investigations se déroulent" avant de faire des magistrats en charge du dossier de Tony Meilhon les "quasi-complices du crime de Pornic."