Fillon III : ce qu'il faut retenir

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Hélène Favier , modifié à
Le secrétaire général de l'Elysée a annoncé dimanche soir la composition du gouvernement avec 31 membres.

Six mois de tensions et de bruits de couloir pour une fin de partie sonnée un dimanche soir, à 20h15. Annoncé, en juin dernier, le remaniement a enfin connu son épilogue. Le gouvernement de François Fillon, rendu public dimanche à 20h15 par l'Elysée, compte 31 membres, au lieu de 38 dans l'équipe sortante, dont le Premier ministre. Soit 15 ministres de plein exercice, sept ministres délégués et huit secrétaires d'Etat. Les femmes y restent minoritaires avec onze portefeuilles dont six ministères de plein exercice, deux ministères délégués et trois secrétariats d'Etat. Neuf membres du gouvernement font leur retour ou leur entrée, dont trois ministres de pleine exercice (Alain Juppé, Xavier Bertrand et Maurice Leroy).

François Fillon reste Premier ministre - Après une valse d’hésitations et de prétendants, François Fillon a été reconduit à son poste par Nicolas Sarkozy. L’inoxydable Premier ministre s'est engagé à conduire la France dans une nouvelle étape avec la croissance et l'emploi comme priorités.

Ceux qui font leur entrée

Juppé fait son come back - Le maire UMP de Bordeaux a été nommé au ministère de Défense. Chose déjà rare, Alain Juppé avait lui-même annoncé implicitement son arrivée samedi, renforçant le sentiment, dénoncé dans l'opposition, d'un "interminable feuilleton".

Bertrand, de l'UMP au gouvernement - Xavier Bertrand a été nommé ministre de l'Emploi, du Travail et de la Santé.

Mariani obtient un secrétariat d'Etat - Thierry Mariani nommé secrétaire d'Etat aux Transports. Ce fidèle de Nicolas Sarkozy et un adepte du franc-parler et un fervent défenseur des "fondamentaux" de la droite.

Ollier fait son entrée - Patrick Ollier, compagnon à la ville de Michèle Alliot-Marie et fin connaisseur des rouages de l'Assemblée, a été nommé ministre des Relations avec le Parlement.

La villepiniste Montchamp - Chiraquienne puis proche de Dominique de Villepin, Marie-Anne Montchamp a été nommée secrétaire d'Etat aux Solidarités.

Richert de Strasbourg à Paris - Centriste rallié à l'UMP, le sénateur Philippe Richert est nommé aux Collectivités territoriales, en récompense de sa victoire aux régionales en Alsace, la seule région gardée par la droite. Il sera ministre auprès du ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l'Immigration, chargé des collectivités territoriales.

Lefèbvre tient enfin sa chance - Frédéric Lefèbvre, porte-flingue au service de Nicolas Sarkozy depuis 15 ans, a été nommé secrétaire d'Etat auprès de la ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, chargé du commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services, des professions libérales et de la consommation.

Bougrab, une femme à l'éducation - Présidente de la Halde, Jeannette Bougrab devient secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative sera chargée de la jeunesse et de la vie associative.

Leroy prend la ville - Autre arrivée : celle du centriste Maurice Leroy, au ministère de la Ville. Cet ancien du PCF remplace à ce poste Fadela Amara, symbole de la diversité.

Ceux qui restent

MAM change de ministère - Michèle Alliot-Marie continue son tour des ministères régaliens. Après la Défense, la Justice et l'Intérieur, elle est nommée ministre des Affaires étrangères.

Rien ne change pour Lagarde - Devenue la première femme ministre de l'Economie et des Finances d'un pays du G7 en 2007, Christine Lagarde a été confirmée à Bercy dimanche pour conduire les complexes négociations de la présidence française du G20. Son anglais parfait, héritage d'une carrière au cabinet Baker & McKenzie à Chicago, fief du président Obama dont elle connaît bien certains collaborateurs, en a rapidement fait la responsable française favorite des médias internationaux.

Une consolation pour Baroin - Entre lui et Christine Lagarde, il existe de nombreuses frictions. Un temps pressenti pour succéder à François Fillon ou pour récupérer Bercy, François Baroin, considéré comme le "filleul" politique de Jacques Chirac, a finalement été reconduit au Budget. Il devient en plus porte-parole du gouvernement.

Hortefeux garde à l'Intérieur - Brice Hortefeux a été maintenu lors du remaniement gouvernemental au ministère de l'Intérieur, où il a assumé sans états d'âme la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy depuis juin 2009. Fidèle du chef de l'Etat, Brice Hortefeux, 52 ans, prend en outre du grade puisqu'il hérite aussi du portefeuille de l'Immigration, qu'il avait déjà occupé pendant presque deux ans au début du mandat du président, incarnant une action vivement critiquée par les défenseurs des droits de l'homme et la gauche.

Besson troque son ministère - Ministre depuis 2007, Eric Besson sera désormais chargé de l'Industrie. Il quitte l'Immigration pour remplacer un proche du chef de l'Etat, Christian Estrosi, qui n'est pas reconduit.

La promotion de Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle devient ministre de l'Ecologie et numéro 4 du gouvernement. Cette icône verte de la droite tient sa revanche. Plus que par l'obscur portefeuille de l'Economie numérique dont elle avait la charge dans l'équipe sortante, elle a surtout marqué les esprits par son passage du printemps 2007 à janvier 2009 au secrétariat d'Etat à l'Ecologie, où elle a entretenu des relations difficiles avec son ministre de tutelle Jean-Louis Borloo.

Wauquiez obtient un ministère - Secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez devient ministre chargé des Affaires européennes auprès de la ministre d'Etat.

Lellouche reste secrétaire d'Etat - Pierre Lellouche sera secrétaire d'Etat chargé du commerce extérieur, auprès de la ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie.

Du changement pour Bachelot - Exit la Santé, Roselyne Bachelot a été nommée ministre de la Solidarité et de la Cohésion sociale.

Chatel toujours à l'Education - Luc Chatel reste ministre de l'Education nationale, de la jeunesse et de la vie associative.

Pécresse à l'Enseignement - Valérie Pécresse garde son ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche.

Le Maire sans changement - Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l'Aménagement du territoire ne change pas de ministère.

Mitterrand reste à la Culture - Frédéric Mitterrand conserve son poste de ministre de la Culture et de la Communication.

Jouanno de l'Ecologie aux sports - Ancienne secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, championne de karaté, devient ministre des Sports.

Henri de Raincourt change de maroquin. Il devient ministre chargé de la Coopération, auprès de la ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et européennes.

Marie-Luce Penchardreconduite. Secrétaire d'Etat, elle devient ministre chargée de l'Outre-mer, auprès du ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l'immigration.

Nadine Morano promue. De secrétaire d'Etat à la Famille, elle devient ministre chargée de l'apprentissage et de la formation professionnelle, auprès du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé.

Michel Mercier, le rescapé centriste. Il devient ministre de la Justice. Michel Mercier avait été nommé en juin 2009 ministre de l'Espace rural et de l'Aménagement du territoire après avoir quitté François Bayrou, le président du MoDem dont il fut l'ami pendant 30 ans.

Nora Berra change de poste. Elle était secrétaire d'Etat aux Aînés est devient secrétaire d'Etat à la Santé.

Pas de changement pour Benoist Apparu et Georges Tron. Le premier reste secrétaire d'Etat chargé du logement et le second secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique.

Ceux qui partent

Une défection de taille est certaine : celle de Jean-Louis Borloo, incarnant l'aile centriste de l'UMP et challenger malheureux de François Fillon au poste de Premier ministre. Dans un communiqué, l'ex numéro deux du gouvernement a annoncé avoir "choisi de ne pas appartenir" à la prochaine équipe, préférant "retrouver (sa) liberté de proposition et de parole" au service de (ses) valeurs au premier rang desquelles" la "cohésion sociale".

En tout, il y a 14 départs. En plus de Jean-Louis Borloo, d'autres poids-lourds quittent leusr fonctions : Hervé Morin et Eric Woerth. Mais aussi Dominique Bussereau, Valérie Létard, Patrick Devedjian, Marc-Philippe Daubresse, Christian Estrosi, Hubert Falco, Anne-Marie Idrac, Alain Marleix et Hervé Novelli. A noter aussi, le départ des figures emblématiques de la gauche ou de la diversité : Bernard Kouchner, Fadela Amara, Rama Yade et Jean-Marie Bockel.