Fadela Amara ressort le "kärcher" de Sarkozy

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La secrétaire d’Etat à la Ville reprend à son compte lundi dans le Progrès l’expression très controversée de Nicolas Sarkozy.

Depuis son entrée au gouvernement en 2007, Fadela Amara ne s’est pas départie de son franc-parler. Mais la secrétaire d’Etat chargée de la politique de la Ville reprend désormais à son compte des expressions chères à Nicolas Sarkozy. L’ancienne présidente de l’association Ni putes ni soumises en donne un exemple lundi dans les colonnes du Progrès. "Il faut nettoyer au kärcher cette violence qui tue nos enfants dans les cités", lance-t-elle ainsi dans le quotidien lyonnais.

Fadela Amara reprend là une expression que le chef de l’Etat avait utilisée en 2005 alors qu’il était ministre de l’Intérieur. La polémique qui avait suivi avait été des plus vives jusque dans les rangs du gouvernement. Azouz Begag, alors secrétaire d’Etat à l’Egalité des chances, avait publiquement désapprouvé la sortie de son collègue. "On a oublié qu'il a dit cela alors qu'un jeune de 11 ans avait été tué en nettoyant la voiture de son père", justifie quatre ans plus tard Fadela Amara.

"Il faut agir, et je suis scandalisée quand j'entends que la sécurité est un discours de droite : l'ordre républicain est émancipateur", poursuit Fadela Amara. "Si l'on parle de "sentiment d'insécurité" dans les quartiers favorisés, il existe une vraie insécurité dans certains quartiers populaires, avec des voyous qui prennent en otages les habitants. Le droit à la sécurité n'est pas réservé aux bourgeois, il existe d'abord pour les plus pauvres."

Cette sortie a fait réagir à gauche. "Ne pensez-vous pas franchement qu'il faut en finir avec le baratin ministériel lorsque des incidents aussi dramatiques se multiplient?", s'interroge Jack Lang dans une lettre ouverte à Fadela Amara. "On attend d'un membre du gouvernement non pas des paroles verbales mais des actes qui assurent la protection réelle des élèves et des professeurs." De son côté, Jean-Jacques Urvoas, le secrétaire national du PS chargé de la sécurité, affirme dans un entretien au site internet Le Post: "Au lieu de parler, elle devrait être dans l'action! C'est elle qui est au gouvernement!". Fadela Amara "devrait commencer par protester" contre "le budget de la sécurité qu'a prévu le gouvernement pour 2010" et qui "prévoit de supprimer 4.000 postes de gendarmes et de policiers", déclare-t-il.

Sur l’identité nationale aussi, Fadela Amara est sur la même longueur d’ondes que le chef de l’Etat. "Ce débat est nécessaire, pour créer les conditions du vivre ensemble", estime la secrétaire d’Etat. "J'ai entendu des choses désagréables, des dérapages, mais il faut libérer les non-dits, mettre des mots sur les souffrances. Notre République est assez solide pour supporter le débat."