Face au Front national, qui dit quoi à l'UMP ?

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Fabienne Cosnay , modifié à
ZOOM  - Au sein du parti, trois lignes s'affrontent sur la stratégie à adopter face au FN. 

Le revirement de François Fillon sur la stratégie à adopter vis-à-vis du FN ravive les fractures au sein de l'UMP. A six mois des élections municipales, la question est à nouveau posée : comment se situer face au parti de Marine Le Pen ? Lors de la réunion de l'UMP mardi, Jean-François Copé a minimisé les différences d'approche au sein de sa famille politique. "Il peut y avoir des différences sémantiques, mais le positionnement politique est parfaitement clair et assumé ", a assuré le président de l'UMP. En réalité, trois lignes s'affrontent à l'UMP. Ceux qui défendent encore implicitement l'idée d'un "front républicain", les partisans du ni-ni, et enfin, l'aile droite du parti, qui approuve le changement de cap de François Fillon. 

fillon baroin

"Le front républicain" enterré ? Longtemps majoritaire au sein du parti, le "front républicain" - qui consiste à faire barrage de manière systématique à l'extrême droite - est devenu une doctrine en désuétude. Pour rappel, l'un de ses plus farouches défenseurs en 2011 était un certain … François Fillon. Aujourd'hui, personne, à l'UMP, n'utilise l'expression "front républicain" mais certains modérés continuent à s'y référer de manière implicite. François Baroin, par exemple. Dimanche, l'ancien ministre a rappelé qu'il "n'oubliait pas que la Parti socialiste avait appelé à voter Jacques Chirac" en 2002 après l'élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle. "On ne pourra donc jamais mettre sur le même pied le Parti socialiste d'une part et le Front national d'autre part", a estimé ce proche de François Fillon. Même numéro d'équilibriste chez Nathalie Kosciusco-Morizet. Après la polémique Fillon, la candidate à la mairie de Paris, auteur du livre Le front antinational, a rappelé qu'elle s'était toujours refusée "à renvoyer dos à dos le FN et le PS".

Le "ni-ni" leur convient. C'est la ligne officielle à l'UMP depuis les élections cantonales de 2011. La stratégie du "ni-ni", ni PS ni FN a été conçue par Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé. Face aux bons scores du FN qui avaient été en capacité de se maintenir dans quelque 400 cantons, l'ancien chef de l'Etat et le président de l'UMP avait acté l'acte de décès du front républicain estimant qu'il n'avait plus de sens. Aujourd'hui, la majorité des ténors de l'UMP ont rallié cette stratégie. Citons par exemple Jean-Pierre Raffarin, Luc Chatel, Henri Guaino ou encore Alain Juppé. Ce dernier, ancien défenseur du front républicain, revient sur le concept du "ni-ni" tel un professeur. "Nous avons fixé une ligne que j'approuve : aucune forme d'alliance ou d'accord avec le Front national, pas de soutien au PS dont la politique économique et sociale mène notre pays au déclin, donc pas de front républicain qui puisse donner prétexte au FN de mettre l'UMP et le PS dans le même sac. En cas de duel électoral FN-PS, hypothèse rarement vérifiée jusqu'à ce jour, je n'hésiterai pas, pour ma part : vote blanc, écrit l'ancien Premier ministre" sur son blog. 

Le chef de file de la Droite sociale, Laurent Wauquiez, a, lui aussi, dérivé du "Front républicain" au ni-ni. "Ma position est assez simple par rapport au FN : je ne voterai jamais FN et je ne peux plus voter PS, parce que je ne peux pas soutenir ce qu'ils sont en train de faire", a expliqué dimanche le député-maire du Puy-en-Velay.

Thierry Mariani

Le "ou-ou" de Fillon les conforte. Qui aurait pu le croire ? François Fillon, le modéré opposé à la ligne du ni-ni il y a deux ans, est aujourd'hui soutenu par l'aile droite de l'UMP. Sans surprise, les courants la Droite populaire et la Droite forte son devenus les plus ardents défenseurs de l'ancien Premier ministre. Avec le "ou-ou", François Fillon a conseillé aux électeurs de voter pour le candidat le moins sectaire, en cas de duel PS-UMP au second tour des municipales.  L'aile droite du parti s'est sentie confortée par ce changement de stratégie. "Nous avons toujours dit qu'une part de notre mission était d'aller vers les électeurs du Front national, de nous adresser à eux", s'est félicité le chef de file du courant de la Droite forte, Geoffroy Didier. Thierry Mariani, l'un des fondateurs de la Droite populaire, abonde dans le même sens. "La vérité est que nous avons de plus en plus de difficultés à expliquer qu'il y a une frontière infranchissable entre l'UMP et le FN, et donc pas d'alliance possible. Notre seule solution est de changer complètement de tactique", estime l'ancien ministre des Transports.