Eux président, leurs 100 premiers jours à l'Élysée

Les onze candidats à la présidentielle n'ont pas tous donné de détails sur leurs 100 premiers jours.
Les onze candidats à la présidentielle n'ont pas tous donné de détails sur leurs 100 premiers jours. © AFP
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Tous les candidats à la présidentielle veulent agir vite après leur éventuelle élection. A quoi ressembleront leurs premiers mois au pouvoir ?

Quels qu’ils soient, les nouveaux députés ne bénéficieront sans doute pas de longues vacances à l’été 2017. Car les candidats à la présidentielle comptent bien mettre leur nouvelle majorité - s’ils en ont - à l’ouvrage dès les premières semaines de leur mandat. Et pour ce faire, la plupart assurent qu’ils seront à l’ouvrage dès leur éventuelle investiture, à la mi-mai, pour profiter d’un hypothétique état de grâce. Et pour lancer, grâce aux fameux cent premiers jours, leur quinquennat sur de bonnes bases.

  • Emmanuel Macron, moralisation et simplification

S’il réfute la théorie des cent jours, Emmanuel Macron n’en a pas moins glissé quelques pistes sur ses premières semaines de président de la République, dimanche dans le JDD. Premier chantier, avant même les législatives de juin : un projet de loi de moralisation de la vie politique. Une exigence de François Bayrou que l’ancien ministre de l’Economie a fait sienne. Parmi les mesures prévues : interdiction du népotisme et interdire aux députés les activités de conseil. François Fillon appréciera.

L’autre chantier prioritaire d’Emmanuel Macron concerne l’économie. Le fondateur d’En Marche ! a prévu de simplifier le droit du travail et de décentraliser la négociation sociale, le tout en légiférant par ordonnances. Ce qui n’a pas franchement plus à ses adversaires de gauche, Benoît Hamon jugeant notamment le procédé "pas acceptable". "C'est la démonstration que M. Macron n'a rien compris aux aspirations démocratiques profondes de ce pays", a taclé lundi le candidat PS lors d’une conférence de presse.

  • Marine Le Pen, priorité à… la priorité nationale

Si elle est élue, Marine Le Pen s’attellera d’abord à l’organisation d’un référendum, portant sur une révision constitutionnelle. Et le menu sera chargé. Il s’agira ainsi, pêle-mêle, de supprimer les régions et les intercommunalités, de réduire le nombre de parlementaires, d’introduire la proportionnelle pour les élections législatives ou encore de mettre en place un référendum d’initiative populaire. Mais la principale mesure de cette modification de la loi fondamentale sera d’instaurer la priorité nationale, pierre angulaire de sa future politique de relance de l’emploi.

La présidente du FN devenue présidente de la République préparera aussi un second référendum, portant cette fois sur une éventuelle sortie de la France de l’Union européenne ? Cette consultation sur un Frexit aura lieu, jure la candidate, six mois après son élection. Et s’il est rejeté, alors Marine Le Pen l’a annoncé, elle s’en ira.

  • François Fillon, vite et fort

Cela fait un petit moment que François Fillon ne s’est pas exprimé sur ses premières semaines à l’Élysée, quand il le faisait, c’était juste après la primaire de la droite, dont il est sorti largement victorieux. C’était, en fait, avant les affaires, dont le PenelopeGate, qui a plombé sa campagne pendant plusieurs semaines. Depuis le candidat de la droite préfère concentrer ses attaques sur la presse, sur Emmanuel Macron et sur le cabinet noir de l’Élysée. Il faut donc remonter à plusieurs mois pour trouver trace de déclaration sur les premiers mois de son mandat, en partant du principe qu’il n’a pas varié sur ce point.

A l’époque donc, François Fillon promettait d’aller vite, et d’y aller fort. Pêle-mêle, il voulait, dès les premiers mois de sa mandature, supprimer les 35 heures, alléger le Code du travail, réformer les retraites, fusionner toute les allocations sociales en une prestation unique. Enfin, l’ancien Premier ministre comptait lancer deux référendums, l’un portant sur la réduction du nombre de parlementaires, l’autre sur l’alignement des régimes de retraites. Vaste programme donc.

  • Jean-Luc Mélenchon, en route vers la 6ème République

Jean-Luc Mélenchon élu aurait d’abord une ambition : rester le dernier président de la 5ème République. Le candidat de la France insoumise a pour priorité de mettre une 6ème République sur les rails. Les premiers jours de son quinquennat seront donc logiquement consacrés à la convocation d’une assemblée constituante, selon un processus qui reste à définir.  

Ceci fait, le candidat a prévu de lancer rapidement son plan de relance, chiffré à 100 milliards d’euros, financés par l’emprunt, et qui iraient en priorité à l’urgence sociale et à la transition énergétique. Il lui faudra aussi tenir sa promesse d’aller voir rapidement ses partenaires européens pour réclamer une renégociation des traités. Avec la menace de sortir de l’Union en cas d’impossibilité de parvenir à un accord.

  • Benoît Hamon, du social, du social et du social

Lui président, c’est d’abord aux plus pauvres qu’il pensera, a juré Benoît Hamon lundi. Le candidat PS promet ainsi de revaloriser le RSA à 600 euros, et de lancer le revenu universel, sa mesure phare, par la nomination d’un Haut-commissaire exclusivement chargé de cette question. Le député des Yvelines a également annoncé qu’il revaloriserait par décret, le Smic de 5% pour le porter à plus de 1.500 euros bruts mensuels, et tous les minimas sociaux de 10%. Enfin - la fibre sociale toujours – son premier déplacement sera à Athènes, pour réclamer la fin des politiques d’austérité dans l’Union européenne.

Du social donc, mais pas seulement. Le président de la République fera préparer deux projets de loi pour que sa nouvelle majorité les adopte dès l’été, l’un sur la transparence et la fin des conflits d’intérêt, l’autre sur l’interdiction des pesticides dangereux et des perturbateurs endoctriniens.

  • Nicolas Dupont-Aignan, exit Schengen

Le candidat de Debout La France a publié début mars un petit livre intitulé Mon agenda de président : 100 jours pour tout changer. Parfois écrit au second degré, l’ouvrage donne tout de même quelques pistes. Ainsi, lors de son premier Conseil des ministres, Nicolas Dupont-Aignan rétablira les frontières nationales et le contrôle douanier. Exit Schengen, donc. Dans les semaines suivantes, il fera part à ses partenaires européens de renégocier les traités, avec une date-butoir : fin septembre. A ce moment-là, ce sera un accord ou la porte. Ambitieux.

"NDA" n’oublie évidemment pas le secteur économique. Il prévoit ainsi de réformer les retraites, et promet un choc fiscal, à la baisse évidemment. Enfin, ardent adversaire du communautarisme, il prévient : "avec moi, ce sera la République ou le charter".

  • Philippe Poutou, le mystère

Le candidat du NPA le répète à l’envi : il ne fait pas campagne pour être élu président de la République. A partir de là, difficile d’imaginer à quoi ressembleront les premières semaines de Philippe Poutou à l’Élysée. Tout juste peut-on supputer qu’il mettrait fin rapidement à l’état d’urgence, et oeuvrerait tout aussi prestement pour une hausse des salaires et une baisse du temps de travail sans perte de rémunérations.

  • Nathalie Arthaud, plus de licenciement

En ce qui concerne l’autre candidate trotskyste, c’est un peu la même chose. Nathalie Arthaud s’imagine mal en locataire de l’Élysée. Si d’aventure elle était élue, nul doute qu’elle s’attèlerait d’abord à légiférer sur l’interdiction des licenciements, son principal cheval de bataille. La candidate promet aussi le retour de la retraite à 60 ans, et de fixer un minimum de revenu, que ce soit salaires ou pensions de retraites, à 1.800 euros.

  • Jean Lassalle, tournée générale

Candidat tardif à l’élection présidentielle, puisque jusqu’au bout a subsisté un doute quant à sa capacité à rassembler les 500 signatures nécessaires, Jean Lassalle n’a pas encore eu le temps de bien faire connaître son projet. Et, avec lui, l’agenda qui l’accompagne. "Pour ma première mesure, je demanderai à ce que tous les Français se servent une tournée générale, car il faut commencer par les fondamentaux de notre pays", disait-il avec humour à La République des Pyrénées en janvier. Plus sérieusement, le député des Pyrénées-Atlantiques annonçait sa volonté de retirer immédiatement les troupes françaises engagées sur des terrains de guerre. Il lancerait aussi rapidement la formation de 15 à 20.000 personnes pour combler les nombreux emplois non pourvus en France.

  • François Asselineau, le Frexit comme obsession

François Asselineau a une obsession : sortir de l’Union européenne. Dans son programme, c’est donc sans surprise qu’il érige cet objectif en priorité absolue. Cette application de l’article 50 du traité sur l’Union européenne s’accompagnera évidemment d’une sortie de l’euro et donc d’un retour au franc. Enfin, le président de l’UPR oeuvrera pour la sortie de la France de l’Otan.

  • Jacques Cheminade, un programme très dense

En voilà un qui semble avoir pris la mesure de l’importance des fameux cent jours. Un pan du programme de Jacques Cheminade est justement intitulé "Mes cent jours". Sauf qu’il est très dense, et qu’il n’est pas certain que trois mois y suffiront. Outre la sortie de l’Europe et de l’Otan, le candidat de "Solidarité et progrès" veut convoquer une grande conférence sur l’emploi à l’intérieur, une autre sur la réforme du système monétaire internationale à l’extérieur. Jacques Cheminade veut aussi, entre autres, augmenter le budget de la Défense, révolutionner la diplomatie française, lancer une grande politique spatiale, ou encore rétablir les anciennes régions.