Européennes 2014 : ce que la gauche et l'UMP ont à y perdre

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TOUR D’HORIZON - Le scrutin à venir recèle différents enjeux franco-français. On vous les explique.

Dimanche 25 mai, les Français vont choisir leurs députés européens qui, ensuite, éliront le président de la Commission européenne. « Une révolution démocratique » à l’échelle continentale. Mais le verdict des urnes aura également des conséquences sur la scène politique franco-française. Revue de détails.

>> Pour l’exécutif

Lors de son intervention télévisée sur BFMTV - RMC, le 6 mai dernier, François Hollande n’a pas prononcé une seule fois le mot Europe. L’opposition avait alors crié au scandale. Deux jours plus tard, le président publiait une longue tribune dans Le Monde, titrée : "sortir de l'Europe, c'est sortir de l'Histoire". Manuel Valls a donné encore un peu plus de sa personne. Le Premier ministre a ainsi participé à plusieurs meetings pour inviter les électeurs de gauche à se mobiliser.

Ces interventions des deux dirigeants auront-elles un impact sur le taux de participation ? "Avec une cote à 20% ou 18%, selon les instituts de sondages, la capacité [de François Hollande] à convaincre est très fortement amoindrie", selon le politologue Yves-Marie Cann (CSA). En revanche, Manuel Valls bénéficie, pour le moment en tout cas, "d'une certaine bienveillance de l'opinion publique". "Il peut être en mesure de favoriser la mobilisation du noyau dur de l'électorat socialiste" et "pourra au moins se prévaloir du fait qu'il affronte l'adversité", selon le sondeur. Reste qu’une sévère défaite des socialistes plomberait encore un peu plus le tandem Hollande-Valls. 

>> Pour le Parti socialiste 

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Le parti majoritaire peut-il faire pire qu’aux dernières élections municipales ? Pour l’heure, les sondages donnent en tout cas quelques sueurs froides rue de Solférino. A cinq jours du scrutin, on semble s’orienter tout droit vers un duel entre le FN et l’UMP pour la première place. De là à imaginer que le PS fera pire encore qu’en 2009 (16,5%), il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent pas à franchir.

Un tel scénario compliquerait singulièrement la tâche de Jean-Christophe Cambadélis. Le nouveau patron du PS, depuis son arrivée, cherche à insuffler un nouvel esprit rue de Solférino, endormi sous la direction d’Harlem Désir. Nul doute qu’une nouvelle déculottée assombrirait ses perspectives et réduirait sa marge de manœuvre.

>> Pour l’UMP 

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Jean-François Copé veut doubler la mise et infliger "un carton rouge" à François Hollande. Après les bons résultats enregistrés par son parti, le patron de l’UMP se retrouve face à un défi, qui ressemble fort à un piège : faire mieux que le Front national dans un scrutin qui ne passionne pas les Français, le tout sur fond d’euroscepticisme ambiant. Les sondages donnent, pour le moment, les deux partis au coude à coude. Histoire de rejeter par avance la responsabilité d’une éventuelle victoire du FN, l’élu de Meaux a assuré, le 12 mai sur Europe 1, qu’il y a "une alliance que tout le monde a compris depuis des années entre le Parti socialiste et le Front national. Quand François Hollande reparle du droit de vote des étrangers il y a une semaine, bien sûr que c’est un chiffon rouge pour faire monter le FN !"
 
Si Jean-François Copé s’inquiète, c’est qu’il a conscience, selon Yves-Marie Cann, qu’une UMP "qui arriverait derrière le FN l'affaiblirait comme force d'opposition. Les tensions pourraient s'exacerber alors qu'une partie de son électorat, sensible à des thèmes du FN, attend un durcissement de l'UMP et un déplacement de son centre de gravité". 

>> Pour le Front national

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Marine Le Pen en rêve, et le clame à qui veut bien l’entendre : le 25 mai prochain, "le FN sera le premier parti de France". Pour cela, elle martèle son mot d’ordre : mo-bi-li-sa-tion. "Je sais bien que certains sont contre l'Union européenne et n'iront pas voter", a déclaré la dirigeante d'extrême droite dans un entretien au Journal Du Dimanche, mais, pour elle, "c'est l'inverse qu'il faut faire. "Quand on est contre l'Union européenne on vote contre, et quand on vote contre, on vote Front".

Désireuse de constituer un groupe d’eurosceptiques à Strasbourg, Marine Le Pen peut escompter entre 15 et 20 députés, et donc atteindre son objectif. Un autre sera de dépasser, pour la première fois dans un scrutin national, la barre des 20%. Pour l’heure, les sondages tournent autour de cet étiage. Mais "tout dépendra des derniers jours de campagne, on peut avoir une remobilisation de l'électorat UMP qui peut changer la donne", nuance le responsable de CSA. 

>> Pour les centristes 

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L’alliance entre l’UDI de Jean-Louis Borloo et le MoDem de François Bayrou, scellée à l’automne 2013, aura-t-elle droit à un baptême du feu réussi ? Le retrait du premier, pour raison de santé, complique la tâche de ses petits camarades. Ce qui explique son message vidéo d’encouragement diffusé lors du grand meeting national : "les listes UDI-MoDem doivent faire un score et vont faire un score", face à «ceux qui n'aiment pas l'Europe", a lancé Jean-Louis Borloo pour remotiver ses troupes.

Historiquement et idéologiquement, "ce devrait être leur élection", rappelle Yves-Marie Cann, car "s'il y a une force qui peut tenir un discours cohérent et pro-européen vis-à-vis de sa base, c'est bien lui". Mais entre le repos forcé de Jean-Louis Borloo et la relative discrétion de François Bayrou, tout juste élu maire de Pau, les centristes manquent d'une tête d'affiche. Du coup, "on ne voit pas apparaître de dynamique et de percée des listes centristes". 

>> Pour Europe Ecologie - Les Verts

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Les élections européennes de 2009 avaient idéalement lancé le mouvement, créé pour l’occasion afin d’ouvrir les écolos à d’autres courants. Mais six ans plus tard, sans la "locomotive Cohn-Bendit",  il apparaît plus qu’improbable de le voir faire aussi bien (16,3%).

A moins que la décision de Cécile Duflot et Pascal Canfin de quitter le gouvernement ne leur bénéficient ? Reste que selon les sondages, EELV tourne autour des 9%, pas plus. "S'ils passaient les 10%, ils seraient sans doute la deuxième force politique à gauche", remarque le politologue.

>>  Pour le Front de gauche

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La guerre intestine que se livre Pierre Laurent, leader du Parti communiste, et Jean-Luc Mélenchon, son homologue du Parti de gauche, aura-t-elle raison des ambitions du Front de gauche, lui aussi créé pour les Européennes de 2009 ? Au lendemain des élections municipales, pas franchement heureuses, les deux leaders de l’extrême gauche ont mis de côté leurs problèmes d’egos pour , cette fois, partir unis. Pari réussi.

Mais alors qu’il espère, depuis l’accession de François Hollande à l’Elysée, faire basculer le rapport de force interne à la gauche, le Front de gauche n'ambitionne plus que de "passer la barre des 10%" et de "doubler le score" des européennes de 2009 (6%).

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