Entre Emmanuel Macron et les armées, une relation en voie d'apaisement

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Emmanuel Macron espère que la nouvelle loi de programmation militaire mette fin à l'impatience d'une partie de la classe militaire. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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Maxence Lambrecq, édité par Romain David , modifié à
La nouvelle loi de programmation militaire pour la période 2019-2025 prévoit de débloquer à terme près de 300 milliards d'euros pour les armées, de quoi faire taire les polémiques autour des coupes budgétaires précédemment réclamées. 

La relation entre le chef de l'État et les armées françaises n'a pas commencé sous les meilleurs auspices. Il y a un an, le général Pierre de Villiers, chef d'État-Major, déposait les armes après avoir été sèchement recadré par Emmanuel Macron. "Je suis votre chef", avait lancé le nouveau président de la République, après que le militaire eut lui-même vertement critiqué l'effort budgétaire demandé aux armées.

Un budget en très forte hausse. Mais un an plus tard, à la veille du 14 juillet, l'ambiance semble désormais beaucoup plus détendue. "En un an, les tensions se sont apaisées. Les militaires regardent devant, ils sont tournés vers les opérations", confirme Pierre Servent, spécialiste des questions de défense, sur Europe 1 vendredi matin.

Cette fois, Emmanuel Macron arrive devant les militaires avec un joli cadeau, puisqu'il va officiellement promulguer la loi de programmation militaire vendredi soir, dont le texte prévoit une hausse constante du budget de l'armée jusqu'en 2025 avec, dès l'année prochaine, un bonus d'1,7 milliards d'euros. D'ici sept ans, le budget de l'armée française devrait ainsi peser pour 2% du produit intérieur brut, soit près de 300 milliards d'euros de crédits cumulés. Un chiffre qui ne devrait pas manquer de sceller la réconciliation entre le chef de l'État et les soldats.

"La ministre des Armées Florence Parly a aussi souhaité qu'il y ait un plan famille. C'est une dimension très importante. Les militaires français sont très engagés en opérations extérieures, et il faut que les familles puissent avoir des conditions de vie facilitées", soutient Pierre Servent.

Des soldats qui vont encore devoir patienter. Le général François Lecointre, qui a remplacé le général Pierre de Villiers à la tête des armées, a salué cet effort très important sur RTL, mais reconnaît dans le même temps qu'il faudra sûrement attendre deux ans avant que les troupes n'en voient la couleur, c'est-à-dire avant que le matériel ne soit acheté et les infrastructures rénovées. 

Mais déjà, souligne Pierre Servent, "le budget 2018 est en augmentation de 1,8 milliard. L'effort est là. Il y a une détermination et l'argent est sur la table". Pour le spécialiste des armées, le chef de l'État s'emploie pleinement à choyer ses soldats. "Emmanuel macron tient au rayonnement international de la France, et il a besoin d'une défense pertinente et efficace compte tenu des troubles internationaux auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui", soutient-il. Et d'illustrer : "Dans les précédentes lois de programmation militaire, les petits programmes étaient oubliés au profit des grands. Là, ce n'est pas le cas. Il y a des avancées très importantes sur tout ce qui correspond à l'équipement du soldat sur le terrain".

Resserrer les liens. Il demeure toujours au sein de l'armée française beaucoup d'impatience, de frustrations mais aussi d'épuisement, lié aux opérations Sentinelle dans l'Hexagone, Chammal en Irak et en Syrie, et Barkhane au Sahel. Emmanuel Macron va donc exprimer vendredi soir sa reconnaissance aux soldats, lors de la traditionnelle allocution du 13 juillet devant les responsables de l'armée, et entend bien continuer ses visites régulières au sein des bases militaires.