En Inde, l’encombrant M. Montebourg

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et Camille Langlade, envoyée spéciale en Inde , modifié à
VISITE - Hollande est en Inde aussi pour rassurer les investisseurs après les propos de son ministre.

Le contexte. François Hollande, accompagné d’une soixantaine de patrons, est arrivé jeudi à New Delhi pour une visite d’Etat de deux jours à dominante économique, avec notamment la vente espérée de 126 rafales. Autre objectif : rassurer le géant indien après la sortie virulente d’Arnaud Montebourg, fin novembre, à l’encontre de Lakshi Mittal, propriétaire des hauts-fourneaux de Florange.

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Un pays choqué. Le monde des affaires a gardé un très mauvais souvenir de ces déclarations anti patrons, largement relayées dans la presse indienne. "Nous ne voulons plus de Lakshi Mittal en France", la phrase a marqué durablement les esprits, tout comme les menaces de nationalisation. "On a eu le sentiment que monsieur Mittal était injustement harcelé. Les hommes d’affaires étaient choqués et on a commencé à s’interroger sur les changements voulus par le nouveau gouvernement français. Le ministre était vu comme un jacobin un peu radical avec toutes ces déclarations. Il voulait amuser la galerie", confirme au micro d’Europe 1 Manoj Joshi, journaliste économique au Mail Today, diffusé à New Delhi.

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Paris démine... François Hollande devra donc lever certains malentendus même si, selon un de ses conseillers, "cela n’a pas compliqué les relations". L’ambassadeur de France en Inde avait pourtant dû se fendre d’une tribune dans un grand journal pour déminer la polémique naissante… Et aujourd’hui, les investisseurs indiens, échaudés et inquiets des orientations politiques de François Hollande, réclament des gages à la France : l’ouverture de son marché et des conditions d’accueil identiques à celles des entreprises nationales. La condition sine qua none pour convaincre des investisseurs qui préfèrent pour le moment investir en Grande-Bretagne, au Pays-Bas ou en Allemagne.

... et Montebourg ne s'excuse pas. Jeudi, au micro d'Europe 1, le ministre du Redressement productif avait un message à faire passer : non, il ne regrette rien des propos tenus car ils n’étaient "pas excessifs au regard des méthodes de la famille Mittal. Je vous rappelle l’OPA agressive sur Arcelor. Même Thierry Breton, ministre de Sarkozy à l’époque, s'en était ému. Les dégâts causés aujourd’hui par mes propos sont surtout sur le moral de Mittal, qui ne peut pas se comporter n’importe comment. Il a détruit 35.000 emplois depuis 2006." François Hollande va devoir faire preuve de diplomatie.