En Guyane, un scrutin à haut risque pour LREM

Les électeurs de la deuxième circonscription de Guyane sont rappelés aux urnes dimanche pour une législative partielle.
Les électeurs de la deuxième circonscription de Guyane sont rappelés aux urnes dimanche pour une législative partielle. © Jody AMIET / AFP
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M.B.
Le premier tour des législatives partielles dans la deuxième circonscription de Guyane se déroule dimanche. Le candidat LREM sortant est menacé par son adversaire France Insoumise.

Les deux premières législatives partielles de 2018 avaient tourné court pour La République en marche!. Dans le Val d'Oise comme dans le Territoire de Belfort, les candidats du parti d'Emmanuel Macron s'étaient inclinés, début février, face à leurs adversaires LR. Pour la majorité, les scrutins à venir ce mois-ci sont donc la dernière chance d'inverser la tendance. À commencer par celui dans la deuxième circonscription de Guyane. Le premier tour est prévu dimanche, et la partie s'annonce difficile pour LREM.

Election annulée. Son candidat, le sortant Lénaïck Adam, l'avait emporté en juin dernier. Il s'en était fallu de peu : 50,21% des suffrages, contre 49,79% pour son adversaire au deuxième tour, Davy Rimane, un régionaliste soutenu par la France Insoumise. Le scrutin avait surtout été marqué par un taux d'abstention de près de 74% au premier tour et 65% au second. Avant d'être annulé, en décembre dernier, par le Conseil constitutionnel, qui avait jugé le nombre d'assesseurs insuffisant dans deux bureaux de vote.

Sauver le soldat Adam. LREM va donc devoir sauver son soldat Adam, contraint de remettre son siège en jeu. Le parti présidentiel n'a pas lésiné sur les moyens : Christophe Castaner, son délégué général par ailleurs secrétaire d'État chargé des Relations avec le Parlement, était sur place pour soutenir le candidat de 26 ans le week-end dernier. Lénaïck Adam peut aussi compter sur le président de la collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre, et l'UDI, traditionnellement soutien de LR mais qui, pour les législatives partielles, a changé de pied en décidant de se ranger derrière LREM.

La France Insoumise en embuscade. Mais la concurrence sera rude avec un Davy Rimane de nouveau sur les rangs. Avec ce syndicaliste de l'Union des travailleurs guyanais de 38 ans, la France Insoumise peut en effet légitimement espérer ajouter un député à son groupe. En Guyane, un territoire souvent en proie aux conflits sociaux (le dernier remonte à avril 2017), son programme a séduit une bonne partie de l'électorat. Jean-Luc Mélenchon y était d'ailleurs arrivé en tête au premier tour de la présidentielle. L'ancien candidat à l'Élysée et la députée Insoumise Danièle Obono ont d'ailleurs passé une semaine entière en Guyane pour soutenir Davy Rimane.

Test national. Une défaite n'aurait aucune incidence à l'Assemblée pour LREM. Avec une majorité pléthorique, le parti peut se permettre, d'un point de vue purement comptable, de perdre l'un de ses membres, même si ce serait le troisième depuis le début de l'année. C'est politiquement que ce serait plus difficile à digérer. Car bien que le mouvement se défende de voir ces législatives partielles comme un test national, c'est comme cela que le scrutin sera interprété. Si Lénaïck Adam perd, cela apparaîtra comme une preuve supplémentaire de l'usure du pouvoir qui semble gagner l'exécutif.