EN DIRECT - "Gilets jaunes" : avant son allocution, Emmanuel Macron évoque la "fin d'un cycle" devant les partenaires sociaux

Emmanuel Macron s'exprimera depuis l'Elysée, lundi soir.
Emmanuel Macron s'exprimera depuis l'Elysée, lundi soir.
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avec le service politique d'Europe 1 et AFP , modifié à
Trois semaines après le début d'un mouvement qu'aucune annonce ne semble calmer, le chef de l'Etat doit prononcer le discours le plus important de son quinquennat, lundi soir. Auparavant, il a rencontré les élus locaux et les partenaires sociaux. 
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Calmer les esprits et éviter un nouveau week-end de violences à l'approche des fêtes de Noël. Tel est l'enjeu de la journée de lundi pour Emmanuel Macron. Plus de trois semaines après le début du mouvement des "gilets jaunes", le chef de l'Etat doit s'exprimer pour la première fois face aux Français, lors d'une allocution télévisée diffusée à 20 heures. Après avoir laissé la main à son Premier ministre, le président de la République tente de reprendre la main au cours d'une journée qui s'annonce capitale.

Que sait-on de l'allocution d'Emmanuel Macron ce soir ? 

Le chef de l'Etat va "s'adresser à la nation", selon la présidence. Il devrait s'exprimer depuis l'Elysée, en prenant soin de poser dans un cadre qui ne soit pas trop pompeux, selon le conseil de l'un de ses proches. "Humilité, écoute, et surtout pas de ton martial", préconise un cadre de la majorité. "Il faut qu'Emmanuel Macron parle au cœur des gens."

La prise de parole interviendra dans un contexte tendu, au surlendemain de l'acte 4 des "gilets jaunes", avec quelque 136.000 manifestants samedi, et aussi un nombre record d'interpellations, plus de 320 blessés et encore des dégâts dans de nombreuses villes, particulièrement à Paris, Bordeaux et Toulouse. Elle s'inscrira aussi dans un contexte économique tendu : la mobilisation fera perdre 0,1 point de croissance à la France sur le dernier trimestre de cette année, selon Bruno Le Maire. "Ce n'est pas rattrapable, a reconnu le ministre. C'est la réalité. Celle des commerçants, des indépendants, qui ont vu leurs magasins samedi abîmés, vandalisés, pillés."

Selon nos informations, la liste des mesures qu'annoncera Emmanuel Macron lundi soir ne devrait pas être longue. "S'il annonçait cinquante mesures face caméra, ça voudrait dire qu'il a tout fait tout seul", glisse un conseiller. Or une grande consultation publique doit commencer le week-end prochain. Après le discours du chef de l'Etat, Matthieu Belliard et ses invités reviendront sur ses annonces au cours d'une édition spéciale sur Europe 1. 

Comment s'est préparé le chef de l'Etat ? 

Lundi matin, Emmanuel Macron a reçu les présidents de l'Assemblée, du Sénat et du Conseil économique et social, mais aussi les élus locaux et les partenaires sociaux. Décrit comme "pugnace" par ses conseillers, le président de la République a travaillé tout le week-end sur une série de propositions. Mais lors de cette réunion, le chef de l'Etat n'a donné "aucun élément" sur le contenu de son allocution télévisée, ont indiqué plusieurs participants après la rencontre, qui a duré quatre heures. "La France se transforme par sauts, elle ne se réforme pas en douceur", a notamment déclaré Emmanuel Macron selon les informations d'Europe 1. "C'est la fin d'un cycle, d'un modèle économique et social." 

"Aucune mesure n'a été annoncée, le président nous a simplement écoutés. Ce qu'on a entendu, c'est qu'il y aurait du concret, du solide", a déclaré Hervé Morin, président de Régions de France. "Il nous a écoutés, on verra ce soir s'il nous a entendus", a affirmé Yves Veyrier, secrétaire général de FO. "On l'écoutera avec beaucoup d'attentes mais aussi un peu d'appréhension, vu la situation que connaît le pays", a ajouté Laurent Berger, le patron de la CFDT. "Cela a été un long tour de table sur les visions de la crise. Le président a dit que nous continuerons de débattre", a-t-il dit, évoquant une "première réunion".

Egalement présents, les représentants du patronat ont eux appelé à "baisser la pression fiscale". "Nous demandons à ce que le gouvernement tienne bon pour éviter de garder la première place (au classement) des prélèvements obligatoires", a notamment déclaré François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises. 

Quelles mesures pourraient être annoncées ? 

L'une des mesures les plus évoquées est l'instauration d'une prime salariale défiscalisée, dont les modalités et le montant restent à définir. Parmi les autres pistes à l'étude figure un coup de pouce au SMIC, au-delà des 1,8% prévus en 2019, et au minimum vieillesse. Une prime mobilité pourrait aussi être instaurée pour ceux qui se rendent au travail en voiture. Selon le JDD, la suppression de la taxe habitation pourrait en outre être accélérée et être effective avant les trois ans prévus. Enfin, Emmanuel Macron pourrait annoncer une baisser de l'impôt sur le revenu. Avant même l'allocution du président de la République, l'entourage du Haut commissaire à la réforme des retraites a d'ores et déjà annoncé que cette dernière était en suspens jusqu'à janvier en raison de la crise des "gilets jaunes". 

Mais Emmanuel Macron n'est pas attendu que sur le front du pouvoir d'achat. "Il y a une deuxième revendication très forte : le besoin de s'exprimer et que la décision publique demain ne se fasse plus sans les Français. Le président de la République va évoquer ces deux aspects", a notamment indiqué le secrétaire d'État chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi. Un projet de "Tour de France des maires" pour recréer du lien avec les Français est pour cela étudié par les équipes du président, comme il l'a confié lui-même à des élus locaux reçus vendredi à l'Elysée. 

Qu'attendent les manifestants ? 

"Macron, avis de recherche" : à l'image de cette banderole affichée au péage de Bandol, dans le Var, les manifestants attendent une prise de parole du chef de l'Etat. Mais pour quelles annonces ? Sur les différents points de blocages où se sont rendus les reporters d'Europe 1, les "gilets jaunes" demandent d'abord des mesures concrètes pour relancer le pouvoir d'achat. Les revendications ont aujourd'hui largement dépassé le problème du carburant : l'annonce par Edouard Philippe de la suspension - puis de l'annulation - de la hausse des prix de l'essence au 1er janvier prochain n'a absolument pas calmé les esprits. 

"Emmanuel Macron doit parler à la France qui remplit son frigo. Il ne faut surtout pas faire un grand discours sur la France de 2050", a estimé sur Europe 1 un député LREM, ce week-end. Mais la longue liste de revendications des "gilets jaunes", allant de meilleures conditions d'accueil pour les SDF à une meilleure isolation des logements, laisse planer un flou quant au "seuil" que l'exécutif devra franchir pour mettre fin à la mobilisation.