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Anaïs Huet , modifié à
Avec son collègue Sébastien Lecornu, la secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique, Emmanuelle Wargon, a été chargée d'organiser le "grand débat national".
INTERVIEW

La secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique, Emmanuelle Wargon, et le ministre chargé des Collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, sont finalement chargés d'organiser le fameux "grand débat national". Une mission qui n'a pas manqué de faire grincer des dents l'opposition, qui dénonce un débat contrôlé, verrouillé par le pouvoir en place, et donc partial.

Des rôles séparés. "Moi aussi, je suis d'accord pour dire que le "grand débat" ne peut être placé sous le contrôle de ministres ou du gouvernement. Mais ce n'est pas ça que nous faisons", a balayé Emmanuelle Wargon au micro d'Audrey Crespo-Mara sur Europe 1, mardi matin. Après la fin de mission de la Commission nationale du débat public (CNDP) et de sa présidente Chantal Jouanno, suite à la polémique sur son salaire, décision a été prise de "séparer les deux rôles" de l'instance : "organisation et mobilisation d'un côté, garantie de l'indépendance et de la restitution de l'autre", précise la secrétaire d'État.

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L'indépendance assurée ? La garantie de l'indépendance du débat sera assurée par "cinq garants : deux nommés par le gouvernement, et trois par les présidents des assemblées" (Richard Ferrand, de l'Assemblée nationale, Gérard Larcher, du Sénat, et Patrick Bernasconi du Conseil économique, social environnemental, ndlr), note Emmanuelle Wargon. "Sébastien Lecornu et moi sommes en charge de l'organisation opérationnelle et de la mobilisation de tous. Concrètement, nous serons les interlocuteurs des maires, des associations ou des citoyens qui souhaitent organiser des débats, mais ne savent pas toujours comment le faire", précise-t-elle.

 

Pour remplir sa mission, Emmanuelle Wargon n'envisage pas de passer des semaines sur le terrain ou d'assister à pléthores de réunions. "Je pense que je participerai à un moment à des réunions…", glisse-t-elle, "mais pour l'instant, l'objectif est plutôt d'aller rencontrer des associations ou des citoyens qui cherchent à organiser des débats et se demandent comment faire."

Débattre du rétablissement de l'ISF, c'est non. Emmanuelle Wargon s'épargnera peut-être ainsi les reproches concernant les éventuelles "lignes rouges" au "grand débat national", autrement dit ces thèmes qui ne seront pas abordés, parce que le gouvernement se refuse de revenir sur certaines de ses propres décisions. À commencer par l'ISF, dont beaucoup de Français ont indiqué souhaiter le rétablissement sur les cahiers de doléances disposés en mairies depuis quelques semaines. "La question de comment avoir un système le plus juste possible est bien au débat", soutient la secrétaire d'Etat. Et de rapidement rappeler : "Après, l'ISF vient d'être réformé. Nous avons dit que nous attendons de voir comment cette réforme fonctionne, avec l'évaluation. Il n'est pas question de revenir dessus dans un calendrier court, on attend l'évaluation."

 

Quid du tirage au sort ? Par ailleurs, à partir du 1er mars, les propositions recueillies au cours des premières semaines de débat seront examinées par des conférences citoyennes régionales composées, en partie, par des citoyens tirés au sort. Ce tirage au sort "n'est pas encore organisé", avoue Emmanuelle Wargon. "Mais le principe est posé. Il faut que l'on puisse rapidement répondre, dans les quelques jours qui viennent. C'est le rôle de Sébastien Lecornu et moi-même de proposer les modalités du tirage au sort aux garants", clarifie-t-elle. Les tirés au sort pourront "bien sûr refuser" cette responsabilité. "Personne n'est obligé d'aller participer à un débat", assure la secrétaire d'Etat, qui annonce aussi qu'aucun dédommagement financier n'est à ce stade prévu pour les participants.

 

"L'une des questions que l'on se pose, c'est quelle est l'échelle régionale de ces réunions ? Les régions sont parfois très grandes. Il pourrait donc y avoir un tirage au sort de proximité, à l'échelle d'un département pas exemple", avance l'animatrice du débat. En clair, le couple Wargon-Lecornu a encore du pain sur la planche avant de présenter les modalités officielles de restitution des idées qui émergeront de ce "grand débat national".