Emmanuel Macron, le pouvoir à la main du chef

© IAN LANGSDON / POOL / AFP
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Antonin André
Après le recadrage spectaculaire infligé aux militaires, ce sont les élus locaux qui sont ressortis sonnés lundi de leur rencontre avec le président. Son message : faites des économies, sinon ça va mal se passer.
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C'est moi le chef ! Les auditoires se succèdent mais le message est le même. Au chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, Emmanuel Macron a déclaré que s'il existait un désaccord entre eux, il partirait. Lundi, face aux élus locaux, le président affirme, en résumé : si vous ne faites pas le boulot, il y aura des corrections.

Macron a pris le contrôle. L'expression présidentielle prend un tour très autoritaire. Et ce ne sont pas juste des mots, c'est le discours d'une méthode qui se met en place : celle d'une structure pyramidale du pouvoir, hyper centralisé, hyper jacobin, à la main du chef, Emmanuel Macron. Oubliez le dessein d'un équilibre des pouvoirs, d'une répartition entre l'Elysée et Matignon, un président cantonné aux arbitrages et à l'international et un Premier ministre qui gouverne. Deux mois après son élection, Emmanuel Macron a pris le contrôle. Cela passe par le partage de conseillers entre l'Elysée et Matignon, dont la quasi-totalité procède d'Emmanuel Macron, et par la nomination d'hommes du président comme secrétaires d'Etat pour être ses yeux, ses oreilles, ses relais. Mais aussi des directeurs d'administration qui attendent d'être audités, remplacés pour être à l'unisson du président, jusqu'à une majorité parlementaire qui doit tout au président.

Un management à bride courte. Emmanuel Macron est un président qui se mêle de tout et qui délègue peu, comme Nicolas Sarkozy ou François Hollande. Mais le style est différent. Emmanuel Macron, c'est le président PDG. Acquise lors de son expérience dans le privé, sa méthode repose sur un management à bride courte : le chef donne des missions précises, avec objectifs chiffrés et une obligation de résultat. Il met la pression sur tout le monde, Premier ministre compris. Pourquoi ? Parce qu'il doit rendre des comptes aux actionnaires. Les actionnaires, ce sont les électeurs qui le jugeront dans cinq ans.

L'approche est différente, la méthode et le style aussi. Mais la logique est implacable, et elle s'impose à Emmanuel Macron comme aux autres. Cette logique, c'est celle de la 5ème République : un régime présidentiel avec une hiérarchie du pouvoir bien établie et qui repose sur l'onction du suffrage universel, le sacrement d'un homme par le peuple, et qui confère à la fonction présidentielle les traits d'un pouvoir très centralisé et très personnel.