Emmanuel Macron est élu : respirons, détournons les yeux de la campagne

© Christophe Ena / POOL / AFP
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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1
La plus chaotique des élections est passée, la France peut enfin souffler. L'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée ouvre une nouvelle page blanche.

De l’air, un peu d’air. On sort de l’une des campagnes électorales les plus longues de l’histoire, mais surtout l’une des plus violentes, marquée par les affaires, notamment celles de François Fillon qui a radicalisé ses partisans pour tenter de se maintenir. Une campagne également rythmée par les fake news, une campagne d’insultes entre les candidats ou contre les journalistes, une campagne dominée par les extrêmes, entre la colère de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et la fièvre anti-immigration de Marine Le Pen.

Un brin d'optimisme. Alors, que l’on adhère ou non à Emmanuel Macron, sa jeunesse et son parcours atypique donne pourtant le sentiment d’un renouveau, d’une page blanche qui rompt avec un système politique à bout de souffle. Un peu d’air donc, et un brin d’optimisme, à l’image du mot sur lequel il a conclu son discours au Carrousel du Louvre dimanche soir : "Je vous servirai avec amour".

1981 et 2017, deux aventures politiques. La prestation d'Emmanuel Macron au Louvre au soir de sa victoire dresse un parallélisme avec François Mitterrand. Dans les deux cas, il y a une forme de rupture avec l’histoire politique, et d’aventure. La différence c’est qu’avec François Mitterrand il s’agissait d’une rupture idéologique : la gauche sortait de opposition pour la première fois depuis 1958. Avec Emmanuel Macron, il s’agit davantage d’une rupture biologique, celle de la jeunesse, du renouvellement du système politique. Le "dégagisme" revendiqué avec brutalité par Jean-Luc Mélenchon, ancien sénateur socialiste, ancien ministre de Lionel Jospin, a finalement été mis en œuvre, sans violence, par Emmanuel Macron.

Réduire "les divisions qui nous minent". Le nouveau président a également estimé qu’il n’aurait pas d’état de grâce. Sa victoire, en effet, n’est pas un blanc-seing. Plus de 40% de ses électeurs l’ont choisi pour s’opposer à Marine Le Pen. "Je me battrai contre les divisions qui nous minent", a-t-il déclaré. Il est une promesse à laquelle les Français, même sceptiques, se rallient, mais il doit désormais la mettre en œuvre en réduisant la fracture politique mais aussi la fracture sociale qui n’a cessé de se creuser depuis que Jacques Chirac l’a nommé il y a vingt ans.