"Eloi", le fichier de sans-papiers qui crée la polémique

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Un décret publié le 30 décembre au Journal officiel crée le fichier "Eloi", comme éloignement, qui doit compulser des informations personnelles sur les étrangers qui font l'objet d'une mesure d'éloignement, c'est-à-dire les sans-papiers en cours d'expulsion. Un fichage qui fait de ces clandestins des criminels selon certaines associations de défense des droits de l'homme.

Le fichier "Eloi", comme éloignement, avait déjà fait l'objet de polémique avant sa parution au Journal officiel dimanche 30 décembre. Il avait même été retoqué en mars dernier par le Conseil d'Etat. La dernière version du décret qui crée ce nouvel outil contre l'immigration clandestine a été revue et corrigée par le gouvernement qui le définit désormais comme inattaquable d'un point de vue juridique. Reste le principe même de compulser des informations personnelles sur les personnes faisant l'objet d'une mesure d'éloignement, c'est-à-dire les sans-papiers en cours d'expulsion. Une idée que combattent certaines associations de défense des droits de l'homme.

"Eloi" est un fichier automatisé de "données à caractère personnel relatives aux étrangers faisant l'objet d'une mesure d'éloignement" pour permettre "le suivi et la mise en oeuvre" de ces mêmes mesures, selon la définition faite par le gouvernement qui n'atteindra pas pour 2007 les objectifs qu'il s'était fixé en matière d'expulsions de sans-papiers : 25.000 sur l'année. Parmi les informations personnelles qui seront collectées sur les clandestins : leur état-civil, les langues parlées ou la "nécessité d'une surveillance particulière au regard de l'ordre public." En revanche, le nom des personnes qui rendent visite aux étrangers en centres de rétention ne figurera pas dans ce fichier dont les données seront effacées dans les trois mois, contre trois ans dans une première version du texte.

Mais deux mentions sont sources d'inquiétude pour les associations de défense des droits de l'homme : l'identité de tous les membres de la famille du sans-papier et l'identité de ceux qui l'ont hébergé en France. Pour le directeur général de France Terre d'Asile, Pierre Henry, le fichier s'inscrit encore "dans une philosophie Big Brother et Père Fouettard". Le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, a lui qualifié d'"extrêmement dangereux" le fichier Eloi, déplorant notamment qu'il permette le "flicage" des personnes venant en aide aux sans papiers. Pour Jean-Pierre Dubois, le président de la Ligue des droits de l'homme, Eloi constitue "un fichage des sans-papiers comme s'il s'agissait de délinquants".