Présidence de l'UMP : comment le parti veut éviter les bugs

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Louis Hausalter , modifié à
LA PEUR DU BUG - Système d'alerte, clés de sécurité, cellule de surveillance : la Haute Autorité chargée de superviser le scrutin pour la présidence de l'UMP assure avoir multiplié les précautions.

"Aie confiance…" Tel Kaa dans le Livre de la Jungle, la Haute Autorité de l'UMP cherche à persuader candidats et militants que l'élection de samedi offre toutes les garanties nécessaires. L'enjeu est de taille : ils sont 268.000 adhérents à être appelés à désigner le nouveau président du parti. Surtout, le spectre du psychodrame Copé-Fillon planera sur cette élection. En novembre 2012, chaque camp avait revendiqué la victoire à quelques minutes d'intervalle. Le résultat : un spectacle pathétique et lourd de conséquences, qui fait encore trembler au siège de la rue de Vaugirard.

Vote en ligne et procurations interdites. Cette fois, l'UMP a opté pour un vote électronique. Un moyen d'éviter les accusations de bourrage d'urne ou les longues files d'attente devant les bureaux de vote, qui s'étaient multipliées en 2012. Sans compter la polémique sur les procurations suspectes. Cette fois, chaque adhérent votera donc en ligne, et les procurations seront interdites. Ceux qui ne disposent pas de connexion internet pourront se déplacer dans l'une des 312 permanences laissées ouvertes, équipées d'ordinateurs.

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Anne Levade MAXPPP 1280

L'évolution de la participation sera communiquée. En théorie, le programme est réglé comme du papier à musique. Le scrutin sera ouvert vendredi à 20 heures. Chaque votant aura 24 heures pour se connecter à l'aide de son numéro d'adhérent, d'un identifiant et d'un mot de passe, qu'il a normalement reçus par courrier. "L'évolution de la participation sera communiquée à midi et à 17 heures samedi", précise-t-on à l'UMP. Le scrutin sera clos à 20 heures. Les résultats seront annoncés entre 20h30 et 20h45 par la juriste Anne Levade (photo), présidente de la Haute autorité en charge de superviser le vote.

Pourtant, pour les deux candidats challengers du favori Nicolas Sarkozy, l'opération n'est pas sans risque. "Je ne crains pas les fraudes, je crains les difficultés techniques, car nous n’avons pas assez travaillé", a confié Bruno Le Maire au Monde. Quant à Hervé Mariton, il estime que "cette élection est imparfaite dans sa technique".

Sarkozy Le Maire Mariton UMP MAXPPP Reuters 1280

Mauvais souvenirs. Il faut dire qu'à l'UMP, on garde un mauvais souvenir du dernier vote électronique. La dernière fois que le parti a utilisé ce mode de scrutin, c'était pour désigner son candidat à la mairie de Paris, en 2013. Résultat : les bugs s'étaient accumulés, et le journal Metronews avait même prouvé qu'une personne pouvait voter plusieurs fois…

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Un nombre de connexions limité. Contactée par Europe 1, la Haute Autorité assure toutefois que toutes les précautions ont été prises, en lien avec la société Paragon, le prestataire chargé d'organiser le vote. D'abord, pour éviter les fraudes. Ainsi, une alerte se déclenchera si un certain nombre de votes - "moins de dix", précise-t-on, sans vouloir donner de chiffre exact - proviennent de la même adresse IP, c'est-à-dire de la même connexion internet.

Des "clés" de verrouillage. Autre garantie : le scrutin sera activé par quatre membres de la Haute Autorité, disposant chacun d'une "clé" d'activation. Samedi soir, ces mêmes personnes devront à nouveau utiliser cette clé pour verrouiller le vote. Avant cela, "le prestataire a prévu un processus de balayage de l'ensemble du processus", explique la Haute Autorité. "Tout le scrutin sera scanné pour s'assurer qu'aucune violation n'a été commise".

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UMP carte Reuters 1280

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"Ce n'est pas la Cocoe !" Une cellule de supervision restera ouverte pendant toute la durée du scrutin. Chaque candidat aura le droit d'y envoyer deux représentants. "Mais les candidats n'ont aucunement la main sur le processus", assure-t-on. Bref, à en croire la Haute Autorité, les garanties sont en béton. "Anne Levade gère cela de façon très rigoureuse. Ce n'est pas la Cocoe, ici !" Une référence cinglante à la commission chargée de superviser le duel Copé-Fillon en 2012, qui avait rapidement été dépassée par les évènements.

Un système inviolable, vraiment ? Pourtant, des doutes subsistent. Le politologue Thomas Guénolé, qui s'est penché dans une longue tribune au Figaro.fr sur les failles du vote électronique, estime que techniquement, le scrutin de ce week-end présente des failles. "La bonne volonté de la Haute Autorité n'est pas en cause, ils ont fait du bon boulot", explique-t-il à Europe 1. "Mais en l'état actuel de la technologie, il est impossible de mettre en place un système de vote électronique inviolable". Pour lui, "un hacker de bon niveau pourrait s'introduire dans la base de données". De quoi donner des sueurs froides à l'UMP.

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