Ecoutes : le vrai Paul Bismuth veut porter plainte

© REUTERS
  • Copié
, modifié à
Celui qui a servi - à son insu - de prête-nom à Nicolas Sarkozy envisage d'attaquer pour usurpation d'identité.

En moins d’une semaine, Paul Bismuth a fait, à son corps défendant, une entrée fracassante sur la scène politico-judiciaire. Cet ancien camarade de Me Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, a servi sans le savoir de prête-nom à l’ancien président, qui aurait ouvert une deuxième ligne de téléphone censée rester secrète, pour esquiver les écoutes mises en place par des juges sur sa ligne officielle. Désormais, Paul Bismuth, promoteur immobilier en Israël, subirait, selon Le Canard Enchaîné, des pressions pour ne pas porter plainte pour usurpation d’identité, comme il l’envisage.

D’abord la colère… C’est peu de dire que Paul Bismuth n’a pas apprécié d’être mêlé à l’affaire de la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy. Son seul tort selon lui : avoir été au lycée avec Me Herzog. "Nous étions copains, on buvait des cafés ensemble, on rigolait", affirmait-il la semaine passée à L’Express. Mais depuis, l’homme n’a plus eu de contact avec son ancien camarade, sinon par des connaissances communes. D’où sa stupéfaction d’avoir été "choisi" par l’avocat et son prestigieux client.

23.11.Thierry.Herzog.Reuters.930.620

© REUTERS

Paul Bismuth cherche donc à joindre Thierry Herzog, et y parvient. "Je lui ai dit que j'étais choqué et étonné par cette pratique. Je n'ai pas pris de gants. Il n'a pas vraiment confirmé mais a joué sur les mots et tourné autour du pot", raconte-t-il à L’Express. Pour se justifier, Me Herzog lui aurait assuré avoir utilisé le "premier nom qui lui serait passé par la tête" et ne pas avoir "voulu lui nuire". L’avocat aurait conclu les quelque huit minutes de conversation par un "appelle-moi quand tu veux".  

Me Francis Szpiner

…Ensuite les pressions. Pas franchement convaincu par les explications de son ex-camarade de classe, Paul Bismuth aurait alors songé à porter plainte pour "usurpation d’identité", un délit passible d'un an de prison et de 15.000 euros d'amende. Une perspective qui n’enchante pas franchement la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy. A en croire Le Canard enchaîné, le promoteur installé en Israël a reçu plusieurs coups de téléphone pour le dissuader d’attaquer en justice. Parmi eux, Me Szpiner. "Ecoute Paul, il faut réfléchir. Herzog a peut-être fait une connerie, mais..", lui aurait glissé ce ténor du barreau.

Plus surprenant, Paul Bismuth aurait reçu la visite, à son domicile israélien, de Me Goldnadel, défenseur d’un certain Patrick Buisson, mis en cause de son côté pour avoir enregistré des réunions avec l’ancien président à l’Elysée. Dans un premier temps, ces coups de fil ont semble-t-il porté leurs fruits, puisque Paul Bismuth a affirmé sur LCI qu’il ne porterait pas plainte.

Mais depuis, à en croire le Canard Enchaîné, il ne s’interdirait plus rien. Et en cas de plainte, les juges ne devraient pas avoir de mal à établir l’usurpation. Pour ouvrir une ligne de téléphone mobile, auprès de SFR en l’occurrence, les opérateurs sont en effet tenus d’exiger une pièce d’identité et de la conserver dans leurs archives.

sur le même sujet, sujet,

REVELATIONS - Des extraits d'écoutes de Sarkozy dévoilés

RÉSUMÉ - Sarkozy sur écoute : une nouvelle affaire en six actes

MISE AU POINT - Écoutes de Sarkozy : Taubira défend son équipe

RETOUR SUR - Le démenti raté de Christiane Taubira

L'INFO POLITIQUE - Sarkozy écouté : désormais, c'est silence sur la ligne

REACTION - "Pas d'immixtion de l'exécutif", dit Ayrault