Duel Valls/Hamon : "Il y a d’un côté un projet réaliste et de l’autre un projet irréalisable"

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Pour Didier Guillaume, proche de Manuel Valls, ce sont deux gauches différentes, mais pas irréconciliables, qui vont s'affronter au second tour de la primaire organisée par le PS.
INTERVIEW

Le rassemblement sera-t-il possible ? La qualification de Manuel Valls et de Benoît Hamon au second tour de la primaire annonce un duel entre deux gauches qui n'ont cessé de s'opposer durant le quinquennat. "Benoît Hamon et Manuel Valls sont tous les deux de gauche. Lorsque Manuel Valls parlait de deux gauches irréconciliables, il ne parlait pas de Benoît Hamon ou d’Arnaud Montebourg, mais de Jean-Luc Mélenchon", assure Didier Guillaume, le directeur de campagne de Manuel Valls, invité lundi de la matinale d'Europe 1.

"Les doux rêveurs et les réalistes". Nous pensons que lorsque nous faisons des campagnes électorales ils ne faut pas promettre l'irréalisable, parce que les Français en ont marre des promesses non tenues", pointe néanmoins le chef des sénateurs PS. "Il y a d’un côté un projet réaliste, réalisable, et de l’autre un projet irréalisable". Un avis que ne partage pas Alexis Bachelay, porte-parole de Benoît Hamon, arrivé en tête du premier tour dimanche soir. "C’est un message qui nous est adressé par les Français, et je pense qu’il faut les entendre, les respecter. Dire qu’il y aurait d’un coté les doux rêveurs et de l’autre les réalistes, c’est une preuve d’arrogance", estime, également au micro d'Europe 1, le député des Hauts-de-Seine, qui dénonce"une vieille façon de faire de la politique".

Il veut encore pointer le rassemblement qui s’opère autour de Benoît Hamon avec le ralliement d’Arnaud Montebourg. "Si les électeurs le souhaite, c’est Benoît Hamon qui peut incarner le renouveau de la gauche, une gauche fière de ses valeurs, solide et prête à gouverner", assure-t-il.

Le revenu universel, pomme de discorde. Principal point achoppement entre les deux camps : le revenu universel, mesure phare du projet porté par Benoît Hamon. "Aujourd’hui Benoît Hamon ce n’est pas le candidat de la feuille de paye mais de la feuille d’impôt", déclare Didier Guillaume. "300 milliards pour le revenu universel, et la réponse c’est que ça sera financé par la CSG et l’impôt. Aujourd’hui la CSG et l’impôt fiancent déjà des choses, c’est irréalisable. L’Etat providence n’a pas les moyens de donner 800 euros à des personnes riches qui touchent 10.000, 20.000 ou 30.000 euros par mois", estime le sénateur de la Drôme.

"Nous avons proposé de fusionner l’impôt sur le revenu et la CSG, de rendre l’impôt sur le revenu plus progressif, de faire une taxe sur les robots et de fusionner l’impôt foncier et l'ISF", détaille Alexis Bachelay à propos du financement du revenu pour tous, dénonçant également les "caricatures" dont fait l'objet le programme de son poulain.

"Il n’y a pas de gauches irréconciliables". Malgré ces divergences, les deux élus ne doutent pas que la gauche puisse retrouver son unité à l'issue du second tour. "Je suis dans un camp. Il y a une primaire. Mon objectif c’est de faire en sorte qu’il n’y ait pas trois candidats de gauche au premier tour de la présidentielle", martèle Didier Guillaume. "Benoît Hamon pense qu’il n’y a pas de gauches irréconciliables", assure également Alexis Bachelay. "Si les gauches sont irréconciliables, ça veut dire qu’elles sont divisées, et si elles sont divisées, elles sont battues à l’élection présidentielle. Toute la démarche initiée par Benoît Hamon, dans cette présidentielle, c’est de tendre la main aux écologistes, aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de discuter avec ceux qui sont tenté par le mirage Emmanuel Macron." Pas de gauche irréconciliable donc, mais, pour l'heure, toujours pas de gauche réconciliée.