Doubs : PS, FN ou front républicain, qui a vraiment gagné ?

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DÉCRYPTAGE - Le candidat PS Frédéric Barbier a remporté de justesse la législative partielle dans le Doubs, face à Sophie Montel, la candidate FN.

Le socialiste Frédéric Barbier l'a emporté d'une courte tête dimanche, au second tour de la législative partielle du Doubs. Avec 51,43% des suffrages contre 48,57%, le candidat PS sort ainsi vainqueur du duel qui l'opposait à la candidate du FN, Sophie Montel. "Cette élection peut être un tournant de ce quinquennat. Il faut garder l'esprit d'union nationale autour des valeurs de la République", s'est réjoui le gagnant après la publication des résultats. Europe 1 vous résume les trois enseignements du scrutin.

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La montée "sidérante" du FN. Le vainqueur, Frédéric Barbier, la joue modeste. "Je ne me réjouis pas, je ne pavoise pas", a commenté Frédéric Barbier à l'issue du scrutin. "Cette élection n'a pas été facile", a-t-il reconnu. Et pour cause : le FN a bien faillé l'emporter, perdant de seulement 863 voix, sur 66.000 inscrits.  Lundi, la plupart des éditorialistes mettent d'ailleurs en avant la progression "sidérante" du Front national et non la courte victoire du PS.

"Le FN, ce qui était impossible avant, a une capacité remarquable à se qualifier au second tour des élections, mais aussi de gagner des voix entre les deux tours", analyse Olivier Duhamel, politologue et éditorialiste d'Europe1. "C'est le signe le plus tangible de la grande migration de l'électorat populaire vers le parti de Marine Le Pen", commente aussi Paul-Henri du Limbert dans Le Figaro. "La gauche a senti le vent du boulet : elle doit se livrer au plus vite à un examen de conscience", écrit encore Laurent Joffrin (Libération). La "sidérante ascension du Front National, se hissant aux lisières d'une première conquête historique en duel, est un avertissement et un prélude à d'autres lendemains électoraux qui déchanteront", renchérit Alain Dusart, de l'Est Républicain.

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Le FN, d'ailleurs, entonne des chants de victoire depuis dimanche soir. "Nous finissons avec environ 49,1%. C'est une grande satisfaction. Même si on ne gagne pas ce soir, ça sent quand même la victoire", a déclaré Sophie Montel à l'AFP. "Le PS a gagné d'un cheveu, mais c'est le FN qui est le grand vainqueur de l'élection", a renchéri Marine Le Pen.

Le PS met fin à la série noire. Les socialistes auraient toutefois tort de ne pas se réjouir un peu. Car si la montée du FN est l'enseignement principal de cette élection, il n'est pas le seul. Frédéric Barbier, 54 ans, permet ainsi au PS de mettre un coup d'arrêt à une série noire de 13 échecs électoraux depuis le début du quinquennat de François Hollande. Le candidat socialiste peut donc savourer sa victoire. Et l'exécutif peut s'enorgueillir d'avoir pu capitaliser (un peu) sur sa montée de popularité après sa gestion des attentats. "Il me semble qu'il y a eu un effet du 11 janvier. Je pense que c'est le petit plus qui a permis au PS de ne pas être éliminer au premier tour, et au final de gagner", analyse Olivier Duhamel.

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Le front républicain pas (totalement) mort. La mobilisation des électeurs a été nettement plus forte dimanche, avec un taux de quelque 49%, contre 39,5% au premier tour. Et sans voix UMP, le candidat PS ne l'aurait probablement pas emporté : à l'issue du premier tour, les voix de gauche totalisaient en effet un peu moins de 40%.

Certes, l'opposition est loin d'avoir lancé un appel franc et massif à voter contre le FN. Le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, avait laissé le choix à ses électeurs. Le bureau national du parti avait, lui, opté pour le "ni" FN "ni" PS. Mais quelques grandes voix du centre et de l'UMP ont tout de même opté pour le Front républicain. "Ce succès, je le dois aux forces républicaines", a d'ailleurs salué le vainqueur de dimanche soir, remerciant nommément Alain Juppé, Nathalie Kosckiusko-Morizet, Jean-Christophe Lagarde et François Bayrou, "qui se sont affranchis" des consignes en lui apportant leur soutien.

"L'alliance républicaine a très peu marché. Mais elle a tout de même un peu marché", résume le politologue Olivier Dumamel. "En revanche, ce que l'on peut dire, c'est que les consignes de vote marchent de moins en moins bien. Il y a eu un report important des reports de l'UMP pour le FN. Or, aucun membre de l'UMP n'avait appelé à voter FN", poursuit l'éditorialiste. Qui conclut : "on assiste à une désaffiliation des électeurs. Ils votent comme ils l'entendent".