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Dans son documentaire "Emmanuel Macron : le dynamiteur", diffusé jeudi sur LCI, David Doukhan décortique la stratégie longuement élaborée pour se lancer dans la course à la présidentielle.
INTERVIEW

C'est une prise de pouvoir préparée de longue haleine. LCI diffuse jeudi soir Emmanuel Macron : le dynamiteur, un documentaire réalisé par David Doukhan, journaliste politique à Europe 1, et produit par David Pujadas, sur les coulisses de l'arrivée à l'Elysée de l'ancien protégé de François Hollande. "On a souvent dit que les planètes s'étaient alignées, que c'était un hold-up, qu'il a eu une chance inouïe […]. Je ne dis pas que ça n'a pas existé, mais en revanche, on a moins pointé le plan. Il y avait un plan, qui remonte à très loin", révèle David Doukhan au micro de la matinale d'Europe 1. "Pourquoi le dynamiteur ? Parce que c'est précisément ce qui s'est passé. Un dynamitage, vous le préparez minutieusement, sinon ça vous saute à la figure", relève-t-il.

"Je serai président de la République". Les aspirations présidentielles d'Emmanuel Macron sont peut-être à aller chercher dès sa formation. C'est du moins ce que révèle Alain Minc derrière la caméra de David Doukhan, lorsqu'il raconte sa rencontre avec un tout jeune Emmanuel Macron, fraîchement sorti de l'ENA. "Je lui demande, qu'est-ce que vous serez dans trente ans ? Et il me répond : président de la République. Un peu interloqué, je lui rétorque : je trouve que vous commencez bien mal la conversation", rapporte-il, avant d'ajouter, avec ironie : "Au fond, il avait tort, puisqu'il sera ancien président de la République dans trente ans."

"Je ne ferai jamais rien contre toi". "Emmanuel Macron a établi le diagnostic qu'il faut tout faire exploser pour faire évoluer les choses", explique David Doukhan. Et pour mener à bien son ambition présidentielle, l'ancien ministre de l'Economie n'a pas hésité à mentir à son mentor François Hollande sur ses intentions, allant beaucoup plus loin que le simple mensonge par omission. "Emmanuel Macron a menti à François Hollande pendant des mois", même après avoir quitté le giron du quinquennat, indique le réalisateur du documentaire. 

Ainsi, le jour de sa démission, le 30 août 2016, Emmanuel Macron emprunte la navette fluviale de Bercy pour aller à l'Elysée annoncer sa décision à François Hollande. Sur le chemin du retour, il appelle au téléphone son collègue, Michel Sapin, ami de longue date du président, et lui jure que s'il démissionne ce n'est pas pour être candidat, mais juste pour faire vivre son mouvement. "'Je ne ferai jamais rien contre toi'. Voilà une phrase du documentaire", annonce David Doukhan.

L'entretien d'embauche d'Edouard Philippe. Le réalisateur s'est aussi penché sur le premier cercle autour du chef de l'Etat, dont certains membres se connaissent depuis de longues années. "Dans ce documentaire, on s'intéresse à l'équipe qui a porté Emmanuel Macron au pouvoir et on se rend compte qu'on les retrouve dix ans auparavant, au côté d'un certain Dominique Strauss-Kahn", indique David Doukhan.

Certains d'entre eux ont également assisté à un dîner organisé en présence d'Edouard Philippe au QG d'En Marche!, pendant l'entre-deux-tours. Un dîner qui a vite pris les allures d'un entretien d'embauche pour le future locataire de Matignon, comme le rapporte Gérard Collomb dans le film : "On invite Edouard Philippe. Le repas se termine. Emmanuel Macron fait ensuite un petit tour de table et tout le monde dit : finalement, il pourrait être le Premier ministre". "Emmanuel Macron est un manager. Lorsqu'il a l'idée d'aller chercher un homme de droite pour être son Premier ministre, il organise cet entretien d'embauche. Il veut que sa garde rapprochée lui donne son opinion sur ce choix", commente encore David Doukhan.