Distribution de billets : les organisateurs accusent la préfecture

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L’avocat de Mailorama.fr a nié lundi toute responsabilité après les débordements samedi, dans les rues de Paris.

Depuis dimanche, Mailorama.fr est critiqué de toutes parts. Son opération "distribution de billets dans les rues de Paris" a tourné aufiasco samedi et a dû être annulée. Mais le site internet s’est défendu lundi et a assuré ne pas être responsable des débordements.

Me Fedida, l’avocat de Mailorama.fr et de sa maison-mère Rentabiliweb, a avancé deux arguments : d’une part, "il y avait un certain nombre de personnes qui étaient animées par cette intention (de commettre des dégradations, NDLR) au moment où les choses ont été faites" et d’autre part "tout ça n'a pas été suffisamment anticipé et suffisamment prévu".

Mailorama.fr a ainsi directement mis en cause les personnes en charge du maintien de l'ordre à Paris, c’est-à-dire la préfecture de police. Elle avait le 10 novembre donné son feu vert à la distribution de billets. Samedi, alors que les premiers incidents éclataient, elle a finalement donné l’ordre d’annuler la manifestation. "Soit la préfecture de police estimait qu'il y avait un risque, auquel cas elle prononçait une interdiction, elle fronçait les sourcils, et l'opération aurait été annulée; soit l'opération ne présentait aucun risque de trouble à l'ordre public pour la préfecture (...), auquel cas l'opération aurait dû avoir lieu", a argumenté l’avocat de Mailorama.fr.

"Oui, l'opération était provocatrice, oui, elle était insolente. En utilisant le vecteur de l'argent, il y avait quelque chose qui dérangeait les habitudes. Mais Mailorama.fr n'est pas l'inventeur de ce concept", a insisté Me Fedida. Il s’agissait de distribuer au total 40.000 euros, répartis en "bourses" de 5 à 500 euros. "Ils l'ont fait aux Etats-Unis, ce n'est pas une raison pour le faire en France. On est au bord de la connerie, c'est inacceptable ce qui a été fait", a rétorqué le ministre du Budget, Eric Woerth.

Pour encadrer la manifestation, un service d’ordre, très réduit, avait été mis en place. Mais il a rapidement été débordé par les quelque 7.000 personnes présentes sur place. Des magasins ont été vandalisés, des vitrines brisées et des véhicules endommagés. Plusieurs personnes ont été interpellées. Quatre d’entre elles vont être jugées.

Mais des poursuites peuvent-elles être engagées contre Mailorama.fr ? L’avocat de la société assure qu’aucun délit ne peut être retenu. Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a indiqué que l'Etat étudiait les "recours possibles" contre les organisateurs. Lundi soir, Brice Hortefeux a assuré sur Europe 1qu'il avait déjà engagé des démarches pour porter plainte au pénal. Il a aussi annoncé le dépôt d'un amendement pour punir d'une peine de prison la distribution publicitaire d'argent à l'avenir.