Des résistants et déportés appellent à ne pas prendre le "risque mortel" de l'extrême droite

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Le Camp des Milles, près d'Aix-en-Provence, est le seul grand camp français d'internement et de déportation encore intact. © GERARD JULIEN / AFP
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avec AFP
Trois résistants et déportés ont mis en garde face aux "visages et aux masques de l'exclusion et de la haine".

La France ne peut pas prendre le "risque mortel" de l'extrême droite au second tour de l'élection présidentielle, ont affirmé dimanche trois figures de la Résistance et de la Déportation, dans un appel solennel lu au Camp des Milles, dans les Bouches-du-Rhône.

"Les visages et les masques de l'exclusion et de la haine". "Nous avons appris durement à reconnaître les visages et les masques de l'exclusion et de la haine", ont écrit trois "Grands anciens" du site mémorial du Camp de Milles, dans ce texte lu par son président, Alain Chouraqui, à l'occasion de la journée du souvenir de la Déportation. "Comme nous reconnaissons les petits calculs, les colères dévoyées ou les aveuglements qui permettent le pire. Aujourd'hui malheureusement, par-delà les mots et les faux semblants, nous les reconnaissons bien dans notre pays", ajoutent Denise Toros Marter, déportée à 16 ans à Auschwitz, Sidney Chouraqui, engagé volontaire de la France libre, et le colonel Louis Monguilan, résistant, déporté à Mauthausen.

"Danger le plus immédiat". "Nous savons bien que tous ceux qui sont attirés par les extrêmes ne sont pas eux-mêmes des extrémistes. Mais ce fut le cas aussi pour beaucoup de Français ou d'Allemands séduits un moment par Pétain ou Hitler dont ils n'imaginaient pas les horreurs futures", poursuivent-ils. "Nous ne supportons pas l'idée que les héritiers des politiques antirépublicaines que nous avons connues, puissent à nouveau exercer et détourner le pouvoir républicain. (...) C'est aujourd'hui l'extrémisme nationaliste qui risque de conquérir le pouvoir dans notre pays, et qui présente donc le danger le plus immédiat pour nos libertés et pour l'unité de notre peuple", ajoutent-ils.

"L'intolérance et l'exclusion au pouvoir". "Peu importe que l'on nous accuse de diabolisation. Car nous avons connu les 'diables ordinaires' qui peuvent préparer l'enfer. Nous savons jusqu'où mènent l'intolérance et l'exclusion au pouvoir. Nous en connaissons la dynamique meurtrière." "Pour notre pays, pour les valeurs de la République, pour nos enfants et petits-enfants, ce risque mortel ne peut pas être pris", concluent-ils. Le Camp des Milles, près d'Aix-en-Provence, est le seul grand camp français d'internement et de déportation encore intact. Il abrite aujourd'hui un musée et un mémorial, engagé dans la lutte contre l'extrémisme.

A Saint-Nazaire, une résistante de 93 ans contraint des frontistes à quitter une cérémonie d'hommage

La résistante et déportée de Ravensbrück, Christiane Cabalé, a contraint des membres du FN à quitter la cérémonie du souvenir des victimes et des héros de la Déportation qui se tenait dans le salon de la mairie de Saint-Nazaire, rapporte Ouest France dimanche. Leur présence avait déjà été critiquée par d'autres participants, mais ce n'est que lorsqu'elle a pris la parole qu'ils ont quitté la salle municipale. Elle a déclaré : "Je ne ferai pas de discours mais juste dire que la présence du Front national, ici, est une honte et une insulte à nos amis disparus. Je vous demande de sortir."