Déplacement de Macron à Las Vegas en 2016 : l'ex-collaboratrice de Pénicaud chez les juges

L'audit diligenté par Muriel Pénicaud n'exclut pas que la "responsabilité" pénale de la ministre soit "envisagée".
L'audit diligenté par Muriel Pénicaud n'exclut pas que la "responsabilité" pénale de la ministre soit "envisagée". © AFP
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avec AFP , modifié à
À l'issue de cette audition, l'ex-directrice de la communication de Business France peut être mise en examen ou placée sous le statut de témoin assisté. 

L'ex-directrice de la communication de Business France était entendue jeudi par les juges d'instruction dans l'enquête sur le déplacement en 2016 d'Emmanuel Macron à Las Vegas, une affaire qui fragilise la ministre du Travail Muriel Pénicaud, a-t-on appris de source proche du dossier.

Fabienne Bothy-Chesneau était convoquée à 14h au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris. Sollicité, son avocat, Me Bruno Quentin, n'a pas souhaité s'exprimer avant cette audition à l'issue de laquelle l'ex-cadre peut être mise en examen ou placée sous le statut plus favorable de témoin assisté.

Un événement facturé à 290.000 euros. Ce dossier, devenu politique, est lié à l'organisation, en janvier 2016, d'une soirée de promotion de la France à Las Vegas, aux États-Unis, autour d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie. Malgré son coût élevé - près de 290.000 euros après renégociation - l'organisation de l'événement avait été confiée à l'agence de communication Havas sans appel d'offres spécifique par Business France, organisme public dirigé à l'époque par Muriel Pénicaud.

Pénicaud assure avoir diligenté un audit externe indépendant. Le ministère de l'Économie, après un rapport de l'Inspection générale des finances, avait fait un signalement au parquet de Paris, qui avait ouvert une enquête pour "favoritisme et recel de favoritisme", confiée en juillet à trois juges d'instruction. Muriel Pénicaud, chargée de mettre en oeuvre la délicate réforme du Code du travail, assure depuis le début de l'affaire avoir été au courant d'éventuels dysfonctionnements après l'organisation de l'événement et avoir immédiatement diligenté un audit externe indépendant auprès du cabinet E&Y.

Mais Fabienne Bothy-Chesneau a livré fin juin une autre version aux enquêteurs de l'office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff). Elle a notamment expliqué, d'après une source proche de l'enquête, que si elle avait été chargée de mettre en œuvre la soirée, elle ne disposait d'aucun pouvoir décisionnaire, ajoutant qu'à partir de fin novembre 2015, soit plus d'un mois avant l'événement, ce dernier avait été évoqué de manière continue avec Muriel Pénicaud.

La "responsabilité pénale" de la ministre pas exclue. La ministre est aussi soupçonnée de n'avoir informé le conseil d'administration de Business France de possibles dysfonctionnements qu'en décembre 2016, soit six mois après avoir pris connaissance de l'audit d'E&Y, et d'en avoir présenté "une synthèse biaisée", d'après Libération. Dans ce document, E&Y n'exclut pas que la "responsabilité" pénale de la ministre "soit envisagée", même si sa "participation personnelle dans le cadre du marché (...) n'a pas été identifiée".