Départementales : la gauche de la gauche crie à la manipulation

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Louis Hausalter
C'EST PAS JUSTE - Le Parti communiste et les écologistes accusent le ministère de l'Intérieur de noyer leurs candidatures sous l'étiquette "divers gauche", de façon à minorer leurs résultats. La Place Beauvau se défend.

La gauche de la gauche n'est pas contente, et elle le dit. A deux semaines des élections départementales, le Parti communiste français (PCF) et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) s'estiment floués par la classification des candidats choisie par le ministère de l'Intérieur. Le nœud du problème ? L'étiquette "divers gauche" apposée aux candidats de différents partis de gauche alliés entre eux, dans le cadre du nouveau mode de scrutin, qui oblige à présenter des binômes homme-femme dans chaque canton.

EELV à 2% dans un sondage. Exemple : dans environ 400 cantons, EELV a conclu une alliance avec une composante du Front de gauche. Or, ces binômes ne sont étiquetés ni écolo, ni Front de gauche, mais… "divers gauche". Ce qui fait enrager les cadres écologistes. "Les sondages sont faits à partir de la nomenclature officielle. C'est pour cela qu'on se retrouve à 2%", déplore David Cormand, chargé des élections chez EELV, interrogé par Europe 1. Une référence à un récent sondage CSA dans lequel les Verts sont crédités de seulement 2% d'intentions de vote.

"Une astuce" pour émietter la gauche non socialiste. La gauche de la gauche est d'autant plus remontée que les binômes constitués d'au moins un candidat PS ont, eux, été étiquetés "Union de la gauche". Autrement dit, les candidats divers gauche alliés avec un candidat socialiste sont comptabilisés d'office dans le score du PS. "C'est une astuce qui consiste à renforcer le poids du PS et à balkaniser toutes les autres offres politiques à gauche", fulmine David Cormand. "Je vois d'ici les petits camemberts le jour des résultats : on va nous dire qu'on a perdu à cause de l'émiettement des candidatures, et qu'il n'y a pas d'alternative à gauche". Un autre cadre écologiste dénonce "une manipulation grossière" et pointe du doigt le ministère de l'Intérieur, mais aussi le cabinet du Premier ministre, Manuel Valls.

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© Emmanuelle Cosse (EELV) et Pierre Laurent (PCF). Bertrand Guay/AFP

Le PCF aussi y va de son coup de gueule. "L'étiquetage des binômes a été fait arbitrairement par le ministère sans l'accord des candidats", a dénoncé jeudi son porte-parole Olivier Dartigolles. Dans un communiqué, il "met au défi le ministère de publier le listing des candidats avec leur étiquette", l'appelant à "donner des informations sur la réalité du paysage politique".

Une grille qui fixe les règles. Contacté par Europe 1, le ministère de l'Intérieur se défend de tout favoritisme. "Une même grille de nuances politiques est appliquée à tout le monde de la même façon", explique-t-on Place Beauvau. Ce document que nous publions détaille les étiquettes apposées en fonction des partis dont se réclament les candidats. Et les choix sont clairement assumés. L'étiquette "divers gauche" est ainsi attribuée aux "candidats investis par plusieurs partis de gauche (...) mais sans l’investiture du Parti socialiste". Tandis que l'étiquette "Union de la gauche" correspond à ceux qui ont obtenu "l'investiture du PS et d'au moins un autre parti de gauche".

La droite bénéficie d'ailleurs du même traitement. Les binômes associant l'UMP et l'UDI sont ainsi étiquetés "Union de la droite", ce qui leur permet de cumuler les intentions de vote pour les deux partis dans les sondages.

La Place Beauvau ne compte toutefois pas céder aux récriminations. Le ministère de l'Intérieur assène qu'il "ne prévoit pas de modifier ces dénominations qui permettent de bien identifier les rapports de force nationaux".

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