Depardieu, dernière "victime" de Torreton

Dans une tribune publiée mardi dans Libération, Philippe Torreton n'y va pas par quatre chemins pour critiquer la décision de Gérard Depardieu de s'exiler en Belgique.
Dans une tribune publiée mardi dans Libération, Philippe Torreton n'y va pas par quatre chemins pour critiquer la décision de Gérard Depardieu de s'exiler en Belgique. © MAX PPP
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Il écrit une tribune cinglante sur l'exil fiscal de Depardieu. Un exercice dont il est coutumier.

L'info. "Prends ton oseille et tire toi", charge mardi l'acteur Philippe Torreton, dans une tribune pour Libération. La cible de son courroux? Gérard Depardieu, dont l'exil fiscal en Belgique fait la Une des journaux depuis quelques jours. Philippe Torreton signe là l'un de ses textes les plus cinglants, mais il n'en est pas non plus à son premier exercice du genre. Retour sur l'engagement d'un habitué des coups de gueule politiques, de gauche.

La charge contre Depardieu. Dans le texte de mardi titré "Alors Gérard, t'as les boules ?", Philippe Torreton s'étonne que l'acteur des Valseuses ose encore demander "le respect, comme le fayot dans la cour de récré...". "Le problème, Gérard, c'est que tes sorties de route vont toujours dans le même fossé: celui du 'je pense qu'à ma gueule', celui du fric, des copains dictateurs, du pet foireux et de la miction aérienne, celui des saillies ultralibérales...", écrit le comédien, César du meilleur acteur en 1997 pour Capitaine Conan.

>> À lire : Depardieu et le "je pense qu'à ma gueule"

Un coutumier de l'exercice. Philippe Torreton aime se servir du style épistolaire, pour tacler ceux qui ne pensent pas comme lui. En avril 2012 par exemple, il écrit une "lettre à Jean Ferrat", publiée notamment dans Mediapart, dans laquelle il évoque tout ce qu'il pense de la France sous Sarkozy. "Jean, écoute moi, écoute nous, écoute cette France que tu as si bien chantée, écoute la craquer, écoute la gémir, celle qui paye et répare sans cesse les erreurs des puissants par son sang et ses petites économies, celle qui se fait virer à coups de charters", écrivait-il. Et d'enchaîner, encore plus explicite : "entends-tu dans cette campagne mugir ce sinistre Guéant qui ose déclarer que toutes les civilisations ne se valent pas ?"

En septembre dernier, il écrit sur son blog une lettre à Mohammed Moussaoui et Dalil Boubaker, respectivement président du Conseil Français du Culte Musulman et recteur de la mosquée de Paris, à la suite de la dernière affaire des caricatures de Charlie Hebdo. "Face aux caricatures de Charlie hebdo, vous auriez dû au pire les ignorer mais en tant que citoyen français vous auriez dû les défendre, oui les défendre, si vraiment l’Islam est une religion d’amour comme vous le dites, et je n’ai aucune raison de ne pas vous croire".

Un engagement de longue date. D'une mère institutrice et d'un père pompiste, de gauche tous les deux, Philippe Torreton est toujours resté du même côté de la frontière politique. Et flirte même un temps avec la gauche radicale, en soutenant Arlette Laguillier vers la fin des années 90, puis les Verts en 2002. À l'inverse de l'extrême gauche, l'acteur de l'Ordre et la morale fait en revanche campagne pour le "oui" au référendum de 2005 sur la Constitution européenne, aux côtés des socialistes.

Mais son coup de cœur sera pour Ségolène Royal, étendard selon lui de "la solidarité, l'entraide et la justice". Il la soutient ouvertement lors de la présidentielle de 2007. Et participe même à des meetings pour elle, où il tacle un Sarkozy "dealer" surnommé "Narcozy", voulant rejouer "Charles Martel boutant les Arabes hors de France". Philippe Torreton s'engage, enfin, avec Bertrand Delanoë pour les élections municipales de 2008, à Paris, en tant que candidat dans le 9e arrondissement. Il est même élu conseiller de Paris, poste qu'il garde jusqu'en 2010. "Derrière un micro, sur une tribune, devant une assemblée bruissante d'affects, Torreton exulte. S'entremêlent ses deux passions, la comédie et la politique, au risque d'une confusion des rôles qui le stimule plus qu'elle ne l'inquiète", résumait Libération, dans un long portrait en date de 2007.