Démission du général de Villiers : une marque d'efficacité, vraiment ?

© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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Antonin André
La démission du chef d'état-major des armées mercredi, et son remplacement quasi-immédiat, est un acte d'autorité fort du président Macron qui vient clore une crise inédite sous la Ve République.
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La main n’a pas tremblé. Le général cinq étoiles a vu son sort réglé dans un face-à-face avec le jeune président de plus de 20 ans son cadet. Président qui n'a jamais côtoyé l’armée d’aussi près que dans les défilés, d’une génération qui n’a pas connu le service militaire. Sa main n’a pas tremblé, quitte à refroidir un peu plus ses liens avec des militaires qui avaient été charmés par la descente des Champs-Elysées à bord du commande-car, le jour de sa prise de fonction, et qui sont aujourd’hui priés d’accepter des coupes budgétaires sans broncher.

Avec moi ou contre moi. Silence dans les rangs ! Le message est clair et il résonne bien au-delà des casernes et des cantonnements. C’est le fameux spoil-system annoncé par le président qui commence. Comprenez : la mise au pas des chefs d’administrations. "Soit vous êtes avec moi, soit vous êtes contre moi". De la citadelle de Bercy aux directions de la santé ou de l’assurance maladie, jusqu’aux parlementaires de la majorité, la valse du képi du général cinq étoiles à valeur d’exemple.

Efficacité, vraiment ? Le président va donc nommer des fidèles, des affidés pour mettre en œuvre sa politique. On en revient à la notion d’efficacité. C’est son pouvoir, ses prérogatives. Le président choisit les hommes auxquels il accorde sa confiance, pour appliquer sa feuille de route. Mais ce qui est frappant, c’est qu’il s’est déjà beaucoup trompé sur les hommes justement. Pierre de Villiers avait été confirmé pour un an supplémentaire dans ses fonctions le 30 juin dernier par le président. Avec le démission du chef d’état-major des armées, c’est la cinquième tête qui tombe depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée. François Bayrou, Marielle de Sarnez, Sylvie Goulard, Richard Ferrand… Des démissions ou des non-reconductions au gouvernement de personnalités choisies par le président lui-même.

Une attitude qui peut rebuter. L’une des qualités principales d’un chef est de savoir s’entourer, d’être capable d’évaluer ceux qui sont face à lui pour leur confier la mission dans laquelle ils serviront le plus efficacement. Nicolas Sarkozy par exemple, en privé, se targuait de savoir jauger les hommes, leurs ambitions et leurs limites pour les utiliser au mieux. D’une part, les deux premiers mois du quinquennat Macron en la matière ne sont pas très convaincants. D’autre part, à force de nommer et de désavouer à quelques semaines d’écart, le président prend le risque de dissuader les hommes et femmes de bonne volonté de travailler avec lui. Diriger, c’est aussi écouter…