Déchéance de la nationalité : Fillon recule

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Le Premier ministre a laissé entendre lundi que la polygamie pourrait être exclue de la future loi.

C’est le cheval de bataille de Brice Hortefeux : créer un "délit de polygamie de fait" et en faire une des conditions de déchéance de la nationalité française. Une proposition avec laquelle le Premier ministre a clairement pris ses distances lundi.

"Nous souhaitons que ceux qui commettent des crimes graves puissent être déchus de la nationalité française", a-t-il expliqué au micro de France Inter. Mais à la question "est-ce que ça concerne la question de la polygamie?", François Fillon a précisé "c'est un problème juridique qui n'est pas résolu".

Dans les limites du Conseil constitutionnel

Or le Premier ministre a assuré que le gouvernement serait "très respectueux de la jurisprudence du conseil constitutionnel qui est constante dans ce domaine et qui prévoit que cette déchéance ne peut avoir lieu que pour des crimes graves". Une réunion d’arbitrage sur cette question de la déchéance de la nationalité doit avoir lieu dans la semaine autour de Nicolas Sarkozy.

Au passage, François Fillon a dit assumer ses "différences" avec le chef de l'Etat. Interrogé notamment sur le discours prononcé fin juillet par Nicolas Sarkozy à Grenoble, le Premier ministre a admis qu'il n'aurait pas utilisé ces mots. "Chacun a sa sensibilité et sa façon de faire les choses", a-t-il expliqué. Avant de souligner qu'il était totalement solidaire des mesures annoncées.

Car plus globalement, François Fillon a défendu le tournant sécuritaire voulu par le président de la République. Il s’est d’ailleurs dit "un peu surpris" par les critiques exprimées par son ministre de la Défense, Hervé Morin, qui avait fustigé dimanche les discours de "la haine, de la peur et du bouc-émissaire". "On aura l'occasion d'en discuter" avec lui, a glissé François Fillon.