Débat de la droite : François Fillon a fendu l'armure

François Fillon effectue une remontée progressive dans les sondages.
François Fillon effectue une remontée progressive dans les sondages. © Christophe ARCHAMBAULT / AFP POOL / AFP
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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1, édité par C.L.
Dans un débat où chacun a tenu ses positions, François Fillon est sorti du lot grâce à ses sorties plus personnelles, directement adressées aux électeurs.

Lors de ce troisième débat de la primaire de la droite, on nous a présenté trois offres bien identifiées : Alain Juppé, le père tranquille garant du rassemblement ; Nicolas Sarkozy, l’énergique qui promet l’autorité et expérience ; François Fillon, la rupture, la réforme radicale à tous les étages. Tous les trois ont plutôt bien défendu leur credo. 

Fillon sort vainqueur. Alain Juppé n’a pas cassé la baraque, il est resté prudent, pugnace dans ses échanges avec Nicolas Sarkozy sur l’immigration et François Fillon sur les suppressions de postes dans la fonction publique. Mais sans agressivité. Nicolas Sarkozy a été solide et a fait preuve d'habileté : à chaque échange thématique, il a pris la parole en dernier, il a ramassé les copies et donné la correction en quelques phrases. En mode "c’est moi, le boss", en quelque sorte. Enfin François Fillon, pour moi, est le gagnant de ce débat, ou plutôt des trois débats, parce qu’il a fendu l’armure.

Il a commencé en sobriété avec un programme sérieux et détaillé, et il termine sur un ton plus personnel pour s’adresser aux électeurs. Ce fut le cas jeudi soir quand il a cassé le débat pour dire "parlons des sujets sérieux" où lorsqu’il a conclu par un appel : "Déjouez les sondages, l’élection n’est pas écrite d’avance."

Fillon dans les pas de Philippe Séguin. François Fillon reprend en fait les mots de Philippe Séguin, dans son discours de Bondy en décembre 1994 aux côtés de Jacques Chirac : "Arrêtez donc de croire qu'il va y avoir une élection présidentielle. Le vainqueur a déjà été désigné. Proclamé. Fêté. Encensé. Adulé. Il est élu. Il n'y a pas à le choisir, il y a à le célébrer. Cela n'est plus la peine de vous déranger. Circulez, il n'y a rien à voir." Philippe Séguin, c’est le mentor de François Fillon, et il y avait une densité au moment de sa conclusion qui peut laisser une trace pérenne dans l’esprit des électeurs au moment du vote.

NKM se démarque.Nathalie Kosiusko-Morizet s’est détachée dans le deuxième peloton. Très décontractée, parfois drôle, elle se veut la candidate de la modernité, du numérique… et de la Défense ! Vous lui parlez de n’importe quel sujet, elle le ramène aux questions de Défense, dont elle brigue déjà le ministère… Bruno Le Maire, lui, n’a toujours pas trouvé le ton juste. Il s’est même empêtré sur le renouveau en convenant que l’expérience, vue la situation du pays, était utile. Raté. Quant à Jean-François Copé, il donne toujours le sentiment de régler des comptes personnels.

Une campagne riche en propositions. Impossible de dire si ce débat va faire la différence car personne n’a fait de faute et aucun n’a non plus écrasé ses concurrents. Ce qu’on peut dire aussi au moment où s’achève la campagne, c’est qu’elle a été riche, sur le fond avec un travail très argumenté des uns et des autres, des propositions, mais aussi des styles et des tempéraments différents. Et c’est plutôt à mettre au crédit d’hommes politiques parfois un peu facilement décriés.