Copé-Fillon : le best of des esquives

Jean-François Copé et François Fillon sur le plateau de France 2 juste après l'émission.
Jean-François Copé et François Fillon sur le plateau de France 2 juste après l'émission. © REUTERS
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Les deux rivaux pour la présidence de l’UMP ont surtout évité... de s’affronter.

Si les militants UMP attendaient ce débat pour se forger une opinion entre Jean-François Copé et François Fillon, ils auront été déçus. Malgré la tiédeur des échanges, certaines choses sont néanmoins à retenir de ce Des paroles et des actes, spécial présidence de l’UMP. Europe1.fr a fait le tri.

Un débat qui n’en est pas un. Ils n’ont pas commis une seule erreur. Les militants craignaient de voir leurs leaders s’étriper, ils sont pleinement rassurés. Les deux hommes ne se sont pas répondus, ont rivalisé d’amabilités en tout genre et ont sans cesse esquivé les questions sur leurs différences. "Cette campagne se passe remarquablement bien. Il y a un respect total entre nous", a déclaré Jean-François Copé. "Je n'ai pas d'adversaire dans cette campagne", lui a répondu l’ancien Premier ministre.

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Fillon se droitise… Régulièrement défini comme étant "moins à droite" que son rival, François Fillon a d’abord réfuté, jugeant cela "agaçant" et "inexact". Puis l’ancien Premier ministre a donné des gages aux électeurs tentés par "la droite décomplexée", faisant notamment preuve de fermeté sur la question de l’immigration. "L’intégration ne fonctionne plus (…) donc il faut fixer de façon pragmatique, chaque année, le nombre d’étrangers que l’on peut accueillir", a-t-il proposé, avant de s’adresser directement aux musulmans : "l'islam doit comprendre que son intégration dans la société française n'est pas une option", "il ne peut pas y avoir de discussion".

Le député de Paris a aussi redit son opposition au mariage homosexuel, allant même jusqu’à promettre qu’il reviendrait dessus en cas d’alternance en 2017. Et de faire évoluer sa position quant à la question de l’alliance entre le FN et l’UMP (voir plus bas).

… et Copé assume "son" pain au chocolat. Aucun regret dans la bouche de l’élu de Meaux sur cette sortie qui a tant fait parler, bien au contraire. "C’est une histoire vraie qui date d’il y a 4 ou 5 ans mais elle m’a particulièrement marqué. J’en avais déjà parlé avant, notamment lors du débat à l’UMP sur la laïcité, mais ça n’avait pas été relevé", a-t-il expliqué, avant de nier que les musulmans puissent s’être sentis choqués par son propos. "S’ils écoutent la totalité de [son] discours, ils ne pourront plus se sentir agressés car je veux simplement rappeler c’est qu’est la laïcité : la liberté pour chacun d’exercer son culte à condition qu’il respecte celui des autre", a-t-il affirmé.

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Trois questions, deux divergences. Jeff Wittenberg, journaliste de France 2, a soumis les deux rivaux aux trois mêmes questions : Célébreriez-vous un mariage homosexuel ? Soutiendriez-vous une intervention de la France au Mali ? Une mesure du gouvernement Ayrault trouve-t-elle grâce à vos yeux ? Jean-François Copé "aurait adoré retenir une mesure du gouvernement qui [lui] convienne", mais il n’a pas trouvé, alors que François Fillon a délivré un satisfecit à la banque publique d’investissement (BPI).

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Leur seul point d’accord aura été l’éventuelle intervention au Mali, qu’ils soutiendraient tous les deux. En revanche, François Fillon a admis du bout des lèvres qu’il célébrerait le mariage homosexuel "parce [qu’il est] un Républicain qui respecte la loi." Le secrétaire général de l’UMP, lui, "ne les célébre[rait] pas, [il] déléguerait à tel ou tel [de ses] adjoints pour le faire".

L’information à retenir. En 2011, lors des élections cantonales, François Fillon avait rompu avec la stratégie de Nicolas Sarkozy du "ni front républicain, ni Front national". C’était un élément de divergence fort avec Jean-François Copé. Cela ne l’est plus. "On ne peut pas demander aux électeurs de l'UMP de voter pour un Parti socialiste qui est en train de conduire le pays dans le mur, ça n'est pas possible!", a déclaré le député de Paris, qui en tire donc une conclusion, qui sonne comme un revirement : "Donc je n'appellerai jamais à voter pour le Parti socialiste".

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Best of des esquives. David Pujadas a tout tenté, mais rien n’y a fait : les deux rivaux ont réussi à ne pas dire du mal l’un de l’autre. Un véritable exercice d’équilibriste, dont nous vous proposons quelques exemples :

Fillon : "vous n'avez rien entendu, depuis le début de cette campagne, dans ma bouche, la moindre formule qui puisse être désagréable à l'égard de Jean-François"
 
 Copé : "Même chose pour moi"

Fillon : "Nous n'avons pas l'intention d'exposer les divergences éventuelles que nous pouvons avoir".

Copé : "Au soir du 18 novembre (jour de l'élection du président de l'UMP, ndlr), non seulement, on sera totalement rassemblés mais, et c'est un engagement que je prends, si je suis élu, la première personne que j'appelerai ce sera François pour que l'on travaille ensemble".

Une légère entorse à cette concorde affichée, tout de même. Interrogé sur l’expression "racisme anti-blanc" utilisée par son rival, François Fillon prend quelques distances : "chacun s’exprime comme il l’entend. Je ne l’aurai pas dit comme ça."