Contrôle des chômeurs : "Il ne faut pas faire du durcissement un totem", avertit Gaspard Gantzer

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Pour l'ancien conseiller en communication de François Hollande, la réforme annoncée de l'assurance chômage doit se garder de faire passer les allocataires pour des fraudeurs systématiques aux yeux de l'opinion.
INTERVIEW

Emmanuel Macron a tenu à éteindre lui-même la polémique. Après les révélation du Canard enchaîné sur les intentions du gouvernement en matière de durcissement du contrôle des demandeurs d'emploi, le président de la République a assuré depuis son lieux de vacances que "mettre des règles ne veut pas dire que l'on va poursuivre chacun", estimant que "s'il n'y a pas de rigueur, on ne peut pas faire avancer le pays". Gaspard Gantzer, ancien conseiller com' de François Hollande, invité jeudi de la matinale d'Europe 1, a soutenu la position du chef de l'Etat : "C'est normal qu'il y ait du contrôle, parce que quand on a des droits, on a aussi des obligations et il faut vérifier que ces obligations soient bien appliquées".

Mais celui qui fut pendant trois ans l'homme de l'ombre de François Hollande, invite aussi le nouvel exécutif à faire preuve de retenue : "Je ne crois pas qu'il faut faire du durcissement un totem, sinon ça induit dans l'opinion publique que les chômeurs sont des fraudeurs, ce qui est faux. En général, quand on est au chômage, on ne l'a pas choisi dans 90% des cas", explique-t-il.

Des effets cumulés. Alors que le nombre de demandeurs d'emplois enregistre une légère baisse de 0,8% en novembre, selon les chiffres de Pôle emploi, Gaspard Gantzer a tenu à saluer les effets cumulés de l'action des trois derniers dirigeants français. "C'est un travail collectif, je vais vous surprendre mais Nicolas Sarkzoy a fait une grande partie du job quand il a permis à la France de tenir face à la crise de 2008. François Hollande a entamé le redressement du pays sur le plan de la compétitivité et aujourd’hui Emmanuel Macron en bénéficie largement, et a apporté sa propre pâte en mettant en œuvre un certain nombre de réformes et en apportant un climat très positif qui contribue à la confiance dans le pays", estime Gaspard Gantzer.

"Revenir à des chiffres beaucoup plus acceptables". "Mais si le chômage baisse, il ne baisse pas encore assez vite", relève l'ex-socialiste. "Il y a plus de 3 millions de chômeurs, presque 3,5 millions. C'est un problème. Il ne faut pas avoir quelques dizaines de milliers de baisse tous les mois, mais beaucoup plus, parce qu'il faut revenir à des chiffres beaucoup plus acceptables du point de vue de l'opinion publique française et pour tous les Français qui en souffre".

Plus de pédagogie

C'est sous la neige, à Bagnères-de-Bigorre, près de son lieu de vacances à La Mongie, alors qu'il sortait d'une boulangerie, qu'Emmanuel Macron a accepté de répondre à une question de LCI sur les révélations du Canard enchaîné. Une prise de parole qui tranche avec la distance qu'entretien habituellement le chef de l'Etat avec les médias. "C'est vrai qu'Emmanuel Macron a beaucoup dit qu'il ne répondrait plus à la volée aux questions de des journalistes, et il le fait", remarque Gaspard Gantzer. "Même si l'image peut surprendre, parce qu'il n'y a pas une grande congruence entre l'image et le fond, je pense qu'il a eu raison de réagir parce qu'il y avait un début de polémique sur cette question du contrôle des chômeurs, et ça n'était pas inutile de préciser les choses".

Surtout, Gaspard Gantzer relève un changement de stratégie de la part du président en matière de communication. "Je crois qu'il a voulu imprimer un style diffèrent, avec un peu plus de rareté, et puis, très vite, il a compris qu'il fallait corriger ça, parce que si l'on n'explique pas ce que l'on fait, personne ne peut vous comprendre. D'ailleurs, comme par hasard, depuis qu'il a commencé à parler, même si ça n'est pas la seule cause, il commence a remonter dans les sondages parce que les Français comprennent certainement mieux la politique qu'il mène".