Conférence de presse : Hollande à quitte ou double

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et Louis Hausalter
ET MAINTENANT ? - Comment le chef de l'Etat peut-il rebondir sur l'après-Charlie ? Du PS au FN, les avis sont partagés.

Au moins, on ne devrait pas lui poser de question sur son impopularité. François Hollande tient la cinquième conférence de presse de son quinquennat, jeudi à 11 heures. Le chef de l'Etat se présentera aux journalistes avec un atout en poche : une cote regonflée après les attentats de janvier. De l'avis de nombreux commentateurs, c'est à cette occasion que François Hollande a enfin gagné ses galons de président. De quoi lui redonner l'avantage ? Les personnalités de tous bords politiques interrogées par Europe 1 n'en sont pas toutes convaincues.

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De Rugy François AFP 1280

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"Crédible dans le discours de rassemblement". "On aime bien dire qu'untel est devenu président à tel moment, comme Chirac à la mort de Mitterrand", relève François de Rugy, coprésident du groupe écologiste à l'Assemblée nationale (photo). "Ce n'est pas aussi simple". Pour autant, "on a vu que Hollande était crédible dans le discours de rassemblement. Et sa candidature pour 2017 revient dans le jeu". François de Rugy ajoute que "les plus fortes critiques, qui venaient de la majorité, ont baissé d'un ton".

"Il n'est pas né le 11 janvier non plus..." Les frondeurs du PS, notamment, ont dû faire profil bas, union nationale oblige. "Il restera quelque chose pour Hollande", confie l'un de leurs meneurs, le député Laurent Baumel. "Mais ses 40% de popularité ne vont pas se convertir en soutien à sa politique économique et sociale". Le député UMP Hervé Mariton relativise lui aussi les effets de l'après-Charlie pour François Hollande. "Il n'est pas né le 11 janvier dernier non plus", balaie-t-il. "Il ne fallait pas le railler avant, et il ne faudra pas tomber dans la dithyrambe demain. D'autant que l'on ne va pas apprendre grand-chose".

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Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de gauche (photo), dément également une soudaine "présidentialisation" de François Hollande. "Je ne suis pas pour une vision infantilisante consistant à dire qu'il n'avait pas endossé le costume présidentiel", glisse-t-il. Mais pour lui, "rien n'a changé sur le plan économique et social. Il faudrait poser des actes et ne pas rester dans la communication". Alexis Corbière suggère une annonce : "pourquoi ne pas prendre l'initiative d'une conférence européenne sur la dette grecque ?"

"Quitte ou double". François Hollande ne doit pas laisser passer une occasion : c'est aussi l'avis d'Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. "Il bénéficie d'un climat où la parole présidentielle n'est plus aussi critiquée que par le passé", explique-t-il. "C'est donc un quitte ou double : soit il capte l'intérêt sur ses annonces et relance son quinquennat, soit il ne convainc pas et cela entraînera de nouveau un rejet des Français".

A droite, on doit bien admettre que François Hollande s'est montré à la hauteur de la fonction pendant la crise. "Qu'il se soit décidé à endosser ses habits de président, c'est vrai, même si les circonstances malheureuses des attentats l'ont bien aidé en cela", concède le député UMP Jérôme Chartier. Mais "ce qui n'a pas changé, ce sont les résultats de sa politique", affirme ce proche de François Fillon. "Il avait une occasion bénie et un climat idéal pour infléchir sa politique via la loi Macron, mais tous les amendements de l'UMP ont été rejetés", dénonce-t-il.

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"Ça ne change rien sur le fond". "Je n'ai rien à dire sur la manière dont il a géré la crise", estime Chantal Jouanno, de l'UDI (photo). "Mais ça ne change rien sur le fond. Au contraire, ces évènements ont presque masqué les difficultés économiques". La sénatrice n'attend "pas grand-chose" de la conférence de presse du chef de l'Etat qui, à ses yeux, n'a pas su lancer un débat sur les réponses à apporter après les attentats. "Il ne se comporte pas comme un président au-dessus des partis", déplore-t-elle.

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Sans surprise, le Front national n'attend, lui, rien du tout de François Hollande. "Certes, il a eu les mots qu'il fallait pendant quelques jours, dans le registre de l'émotion et de l'hommage", concède Florian Philippot, le numéro 2 du parti (photo). "Mais s'il avait enfilé une manche dans son costume de chef de l'Etat, il l'a depuis jeté par terre. Cette conférence de presse ne sera utile que s'il annonce un changement de cap". Faut-il préciser que le vice-président du FN "y croit très peu" ?

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