Condoleezza Rice à Moscou pour briser la glace

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Administrator User , modifié à
La secrétaire d'Etat américaine est arrivée lundi à Moscou pour une visite de deux jours. Elle vient rencontrer Vladimir Poutine pour parler de l'épineux projet de bouclier antimissile américain mais aussi du Kosovo. Condoleezza Rice a déclaré qu'elle n'appréciait pas la rhétorique en vigueur à Moscou envers les Etats-Unis mais elle a estimé qu'il n'y avait pas lieu pour autant de parler de guerre froide.

Les relations entre les Etats-Unis et la Russie sont difficiles mais ce n'est pas encore la guerre froide. C'est la mise au point de Condoleezza Rice qui est arrivée lundi à Moscou pour rencontrer le président Vladimir Poutine mais aussi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et d'autres hauts responsables. La secrétaire d'Etat américaine a déclaré aux journalistes que "ce n'était pas une période facile pour les relations" entre les deux pays mais qu'elles étaient très loin d'être aussi exécrables que du temps de l'Union soviétique. "Je sais que certains parlent d'une nouvelle guerre froide. Etant quelqu'un qui a connu cette période en tant que spécialiste, j'estime que les parallèles ne reposent sur rien de concret", a-t-elle déclaré. Des responsables russes ont eux dit s'attendre à des discussions sereines et positives avec Rice, qui contrasteraient avec l'agressivité ayant caractérisé les échanges entre Moscou et Washington ces derniers mois. Mais la Russie, qui, forte de sa manne pétrolière, soigne son image de grande puissance en profitant des difficultés des Etats-Unis en Irak, a fait savoir qu'elle ne se laisserait pas dicter sa politique par son invitée américaine. La dirigeante américaine a expliqué qu'elle espérait rassurer les Russes sur le projet de bouclier antimissile américain et sur le plan de l'Onu qui prévoit l'indépendance de la province serbe du Kosovo. La Russie est fermement opposée à ces deux projets et le président Poutine a accusé les Etats-Unis de chercher à imposer leur volonté au reste du monde. Tout en reconnaissant l'existence de tensions entre les deux pays, Condoleezza Rice a cherché à mettre en avant la coopération entre Moscou et Washington sur un certain nombre de dossiers tels que le nucléaire iranien ou nord-coréen. "Si vous regardez les faits concrets (...) sur le terrain et si vous considérez le niveau de coopération que nous avons eu sur la Corée du Nord, l'Iran ou si vous prenez l'accord à l'OMC que nous avons signé avec la Russie (...) cela ne cadre pas avec une certaine rhétorique que nous entendons parfois", a-t-elle ajouté. Condoleezza Rice est le plus haut responsable américain à se rendre à Moscou depuis que Vladimir Poutine a sonné les pays occidentaux en fustigeant, dans un discours prononcé le 10 février à Munich, la politique étrangère américaine. Le président russe a fait monter les enchères le mois dernier en annonçant que Moscou suspendait son adhésion à un traité sur le contrôle des armes conventionnelles, un geste perçu comme la réponse de Kremlin au projet de bouclier antimissile. Concernant le Kosovo, l'ambassadeur de Russie à l'Onu a déclaré ce week-end qu'il "devenait de plus en plus plausible" que son pays oppose son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité soutenu par Washington qui accorderait son indépendance à la province serbe. La Serbie est une alliée historique de la Russie. Washington a lui aussi des choses à reprocher à la Russie, l'érosion apparente de la démocratie sous Poutine, notamment, et le traitement par le Kremlin d'anciennes républiques soviétiques cherchant à se rapprocher de l'Occident.