Comment Montebourg a menacé de démissionner

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RECIT - Désavoué dans le dossier Florange, le ministre du Redressement productif a menacé de quitter le gouvernement.

La phrase. "Je lui ai dit, (au Président de la République), que si rien n’était fait avant ce soir (samedi) pour réparer les dégâts sur cette question de nationalisation, je ne resterai pas au gouvernement, et la dislocation va commencer. Il m’a demandé de n’en rien faire." C'est Arnaud Montebourg qui a lâché cette confidence à Libération, qui revient sur le journée agitée de samedi. Europe1.fr remonte le fil de cette mini-crise gouvernementale.

Acte I. Ayrault allume Montebourg… et l’incendie. Vendredi soir, le gouvernement et ArcelorMittal concluent un accord pour sauver le site de Florange. Lors de l’annonce, Jean-Marc Ayrault désavoue publiquement Arnaud Montebourg et sa solution de la nationalisation temporaire, qu’il brandit depuis plusieurs jours. Elle n’est "pas efficace" en termes de "débouchés " et de "compétitivité", estime le Premier ministre. En outre, ses proches laissent fuiter dans la presse l’idée que le repreneur potentiel du site, évoqué par Arnaud Montebourg, n’était "pas crédible".

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Acte II. Hollande joue les pompiers. Selon Libération, François Hollande n’a pas vraiment apprécié le désaveu par trop virulent du Premier ministre. Et c’est un Arnaud Montebourg furieux qu’il reçoit samedi matin à l’Elysée pour tenter de déminer la situation. Le ministre menace de partir, mais le chef de l’Etat veut éviter une démission, car Arnaud Montebourg séduit l’électorat et l’aile les plus à gauche. Le ministre du Redressement productif pose alors deux conditions à son maintien dans le gouvernement. La réhabilitation du repreneur potentiel et de la solution de la nationalisation temporaire. Il quitte le palais présidentiel avec comme seul engagement un communiqué de Matignon prévu dans l’après-midi.

Acte III. Ayrault renâcle. Samedi en fin de matinée, Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg s’entretiennent par téléphone. L’échange est "très houleux", selon le quotidien. Le passif entre les deux hommes profond. Arnaud Montebourg répète qu’il hésite à démissionner et qu’il fera part de son intention avant son passage au 20 heures de TF1 le soir même. Matignon dégaine finalement un communiqué à 15 heures. Le Premier ministre y salue l’action de son ministre du Redressement, qui n’a pas "ménagé sa peine". "Ce n’est pas ce que je voulais", tranche Arnaud Montebourg, car ni le repreneur ni la nationalisation ne sont évoqués. A 16 heures, selon Libération, Arnaud Montebourg s’attelle à la rédaction de son discours de démission.

Acte IV : Montebourg réhabilité. Alors que ses proches, mais aussi le délégué CFDT d’ArcelorMittal, Edouard Martin, tentent de dissuader Arnaud Montebourg de démissionner, ce dernier obtient gain de cause de la part de l’Elysée. Il pourra, à la télévision, rectifier le tir. Sur TF1, il parle donc de repreneur "sérieux" et surtout brandit à nouveau l’arme de la nationalisation temporaire". Et au passage prendre une petite revanche sur Jean-Marc Ayrault. "Je crois que le premier ministre peut faire preuve d’encore plus de fermeté" sur le dossier Florange, glisse-t-il.

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