Comment Manuel Valls tente de rester dans le jeu

En prenant la tête de la commission d'information sur la Nouvelle-Calédonie, Valls est assuré d'occuper le devant de la scène dans l'année à venir.
En prenant la tête de la commission d'information sur la Nouvelle-Calédonie, Valls est assuré d'occuper le devant de la scène dans l'année à venir. © JACQUES DEMARTHON / AFP
  • Copié
L'ancien Premier ministre s'est trouvé une place au sein du groupe LREM à l'Assemblée. En prenant la tête de la mission sur la Nouvelle-Calédonie, il est assuré de garder une visibilité et des responsabilités.

L'information de L'Opinion a été confirmée, mardi après-midi, lors de la nomination proprement dite. Manuel Valls, désormais député apparenté LREM, a pris la tête de la mission parlementaire d'information sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Un poste décisif, alors que l'île organise l'année prochaine un référendum d'autodétermination. Pour l'ancien Premier ministre, c'est l'occasion de se ménager le feu des projecteurs pendant des mois.

Des débuts très discrets. Élu sur le fil en juin dernier, dans son fief d'Évry, lors d'un scrutin entaché de soupçons de fraude, Manuel Valls avait, depuis, eu bien du mal à revenir sur le devant de la scène. Après un passage éclair pour son inscription administrative à l'Assemblée, il s'était fait très discret, rasant les murs de la salle des Quatre Colonnes en évitant soigneusement les nuées de micros et de caméras. Une seule présence détectée par semaine entre le 26 juin et le 21 juillet, selon le site Nos Députés. Mais en se présentant aux législatives, l'ancien Premier ministre qui avait quitté le PS n'avait qu'un objectif : "survivre". "Je ne pouvais pas rester sur la défaite de la primaire", expliquait-il au Monde fin août. "Cette épreuve, je voulais en sortir par la victoire."

Nouveau look pour une nouvelle vie. Depuis la reprise de la session parlementaire, le 25 septembre, le voilà plus présent. Nouveau look à petit bouc, nouvelle vie politique qui ressemble beaucoup à l'ancienne : tout est très assumé. La polémique n'effraie toujours pas l'ancien Premier ministre adepte des phrases chocs. Dans sa tournée médiatique de rentrée, Manuel Valls n'a pas hésité à taper fort sur ses adversaires. Lundi, sur RTL, il n'a pas hésité à parler d'un "discours islamo-gauchiste" que tiendraient, selon lui, les élus France Insoumise. Avant d'accuser la députée Danièle Obono de "complicité avec un islam politique".

Accrochages à l'Assemblée. Sur les bancs de l'Assemblée, le candidat défait à la primaire du PS n'est pas plus tendre. La semaine dernière, Manuel Valls y a ainsi dénoncé "les liens [de la France Insoumise] avec les Indigènes de la République et avec tous ceux qui, aujourd'hui, dans les quartiers, représentent un vrai danger, parce que précisément, derrière cela, il y a l'islamisme radical et l'islam politique". Une tirade qui lui avait d'ailleurs valu les applaudissements du Front national. Mardi, le groupe de Jean-Luc Mélenchon a répliqué à ces attaques dans un communiqué, dénonçant une attitude "indigne d'un ancien Premier ministre".

Solitaire. Qu'importe, Valls fait du Valls et occupe le terrain. Donner de la voix est d'autant plus important que l'ancien ministre de l'Intérieur est seul. Persona non grata à gauche, il s'est coupé de l'un des derniers amis, Carlos Da Silva, en plaçant un autre de ses proches sur une liste concurrente pour les sénatoriales dans l'Essonne. Les députés LREM, plus jeunes, plus neufs, ont des sentiments mitigés à son égard, partagés entre le sentiment de respect qu'inspire le statut d'ancien Premier ministre et la lassitude pour les représentants de la "vieille politique" avec laquelle ils veulent rompre.

"Une façon de revenir dans le jeu". La mission d'information sur la Nouvelle-Calédonie lui offre une nouvelle légitimité. "Il connait très bien le sujet, il l'a suivi de façon très proche comme ministre et pourra apporter son éclairage et son expérience", a expliqué l'ancienne ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, mardi. Le principal intéressé confirme qu'il trouve la question de l'autodétermination de l'archipel du Pacifique "passionnante et importante pour notre pays". Mais c'est encore un membre de la majorité qui résume le mieux la situation auprès de l'AFP : "ce sera une façon pour lui de revenir dans le jeu."