"Je pensais que je l'affaiblissais en restant" : Gérard Collomb raconte sa démission

© LUDOVIC MARIN / AFP
  • Copié
, avec Anaïs Huet , modifié à
Le désormais ex-ministre de l'Intérieur est revenu jeudi sur CNews sur sa démission, assurant que ses relations avec le chef de l'Etat restaient bonnes. Il a aussi assuré comprendre la colère d'Edouard Philippe.

Sa démission, mardi soir, a fait grand bruit, et a placé Emmanuel Macron dans une position délicate. Pourtant, Gérard Collomb l’assure : son départ du ministère de l’Intérieur d’une part n’avait pas pour but de fragiliser le chef de l’Etat, et d’autre part que ses relations avec lui restent bonnes. "Vous verrez dans les prochains jours que ce n’est pas une rupture. Nous aurons des rencontres plus tôt que vous ne le pensez", a lancé jeudi sur CNews celui qui devrait bientôt retrouver son siège de maire de Lyon. "A ma place, qui sera celle de dirigeant d’une collectivité locale, je pourrai beaucoup lui apporter".

"Il me dit 'Gérard, ne pars pas, j'ai encore besoin de toi'". Gérard Collomb a toutefois confirmé qu’Emmanuel Macron lui avait demandé de rester. "J'avais parlé au président je lui avais dit que je voulais partir. Un certain nombre de rumeurs couraient depuis quelques temps. Je ne voulais pas que ma situation personnelle perturbe l'institution", a-t-il expliqué. Il a donc demandé à partir une première fois, lundi. "Il me dit 'Gérard, ne pars pas, j'ai encore besoin de toi'. Je pensais au contraire que je l'affaiblissais en restant. Il a une force de conviction assez forte", a reconnu l’ancien ministre.

"Je suis encore dans un doute". Gérard Collomb a donc quitté l’Elysée le lundi soir sans convictions sur son avenir proche, a-t-il expliqué. "Je dis à Emmanuel Macron que je vais donner une interview au Figaro le lendemain. Je suis encore dans un doute", a assuré le futur maire de Lyon. Mais dans le quotidien, il annonce maintenir sa demande de démission, en ne laissant plus d’autre choix à Emmanuel Macron que de l’accepter.

"Je me suis excusé auprès d'Edouard Philippe". Et il y en a un qui prend l’information en pleine figure, c’est Edouard Philippe, mardi en pleine séance de questions au gouvernement. Le Premier ministre entre dans une sourde colère qui, au vu du passage de témoin glacial entre les deux hommes mercredi place Beauvau, n’était alors pas retombée. Gérard Collomb a reconnu que le timing n’était pas idéal. "Peut-être que l'annonce a été faite un peu trop tôt à mon goût", a admis Gérard Collomb sur CNews. "Je comprends qu'Edouard Philippe ait été en difficulté à ce moment-là. Je comprends que ça a été un moment de grande solitude pour lui. Nous nous sommes expliqués, je lui ai dit les circonstances et je me suis excusé auprès de lui", a-t-il assuré.

 

Le dîner du 10 septembre "s’est assez bien passé"

Pour beaucoup d’observateurs, dont Jean-Michel Aphatie, qui a raconté la lente disgrâce de Gérard Collomb mercredi sur Europe 1, c’est lors d’un dîner à l’Elysée, le 10 septembre, que le sort du désormais ex-ministre de l’Intérieur a été scellé, notamment parce qu’il a eu des mots avec Brigitte Macron. Il n’en a rien été, a juré l’intéressé.

"Je pensais que ce serait un dîner secret, mais juste avant moi il y avait Bono. Et comme Bono intéresse plus que Gérard Collomb, il y avait 40 caméras. J’arrive, je me demande pourquoi il y avait ces caméras. Emmanuel Macron me dit : 'j’avais Bono, avant'. Donc le dîner dont vous n’auriez jamais dû entendre parler, tout le monde l’a su", a-t-il raconté dans un sourire.

"On a parlé d’une série de sujets. Et contrairement à ce que j’ai lu dans la presse où il y avait eu des propos entre Brigitte Macron et moi, au contraire. Nous sommes extrêmement liés. Et nous partagerons souvent les mêmes points de vue. Car elle sort souvent et elle entend ce que les gens disent. Elle parle comme elle pense. Elle dit ce qu’elle a dans la tête", a-t-il poursuivi. "Personne n’a été sévère. C'est un dîner qui s’est assez bien passé, contrairement à tout ce que j’ai lu dans la presse." Et de conclure sur cette confidence : "On s’appelle toujours Brigitte et Gérard. Et elle m’appelle même dans des accès de tendresse 'mon Gégé'".