Climat : les pays en développement s'insurgent contre Washington

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Les Etats-Unis et leurs alliés se voient reproché un manque d'engagement clair quant au financement des objectifs posés par l'accord de Paris. © Lillian SUWANRUMPHA / AFP
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avec AFP
Les pays industrialisés se sont montré réticents lors d'une réunion à Bangkok à s'engager sur le financement de initiatives destinées à atteindre les objectifs fixés par l'accord de Paris.

Les pays en développement se sont insurgés dimanche contre les Etats-Unis et leurs alliés, accusés de saper les négociations visant à prévenir le réchauffement climatique, en achevant à Bangkok une réunion préparatoire au prochain sommet COP24 sur le climat.

L'épineuse question du financement. Des experts du monde entier ont discuté toute la semaine à Bangkok de la finalisation des règles pour mettre en oeuvre l'accord de Paris sur le climat. Le pacte de 2015 vise à contenir le réchauffement mondial sous les 2°C, voire 1,5°C, par rapport à l'ère préindustrielle. L'accord prévoit également une aide annuelle de 100 milliards de dollars d'ici à 2020 pour les pays pauvres. Les pourparlers thaïlandais ont achoppé sur la question clé du financement des efforts pour limiter le réchauffement et la transparence des contributions.

Les Etats-Unis et d'autres pays développés sont hostiles à une trop grande transparence qui mettrait les riches en face de leurs obligations et rechignent à s'engager sur la structuration de financements futurs. Les pays en développement affirment qu'ils ont besoin de financements transparents et prévisibles. Une source de haut niveau au sein du bloc africain a déclaré que ces pays reniaient leurs promesses en refusant de parler de financements futurs. "C'est comme si nous avions recommencé à zéro" à Bangkok, a dit cette source.

 

Des conséquences climatiques dévastatrices. Des délégués représentant certains des pays les plus petits et les plus pauvres de la planète ont accusé les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux de ne pas se montrer à la hauteur de leurs engagements en matière d'investissements verts. "Les pays développés sont responsables de la vaste majorité des émissions historiques et bon nombre se sont considérablement enrichis en brûlant des combustibles fossiles", a déclaré Amjad Abdulla, qui représente une quarantaine de nations allant des Maldives aux Bahamas en passant par Singapour, éparpillées sur tous les océans. "Nous faisons face à des conséquences climatiques dévastatrices et certains d'entre nous pourraient être perdus à jamais à cause de la montée des eaux", a-t-il dit.

Un accord "au bord du précipice". Les quelque 190 États participants à l'accord de Paris ont jusqu'à la fin de l'année et la 24e Conférence climat de l'ONU en décembre à Katowice, en Pologne, pour finaliser les règles de mise en oeuvre du pacte sur le climat. Si des progrès ont été réalisés à Bangkok sur certains sujets comme les nouvelles technologies, les défenseurs de l'environnement ont accusé Washington d'entraver, avec l'aval de l'Occident, toute avancée sur les questions de financements, alors même que le président américain Donald Trump a annoncé le retrait de son pays du processus de Paris en 2020. Selon Harjeet Singh, de l'ONG ActionAid, l'accord de Paris est "au bord du précipice". Les écologistes accusent aussi l'Union européenne dont le Royaume-Uni, et l'Australie de se ranger derrière les Etats-Unis.