Fadela Amara a mis en garde l’Etat, mercredi, sur Europe 1, au jour du cinquième anniversaire de la mort par électrocution de Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, le 27 octobre 2005. La décision du parquet de Bobigny de faire appel du renvoi au tribunal correctionnel des policiers mis en cause dans la mort de deux adolescents, "ne facilite pas les choses", a tranché la secrétaire d'Etat à la Politique de la ville.
Cette décision "m'inquiète parce que je me dis que, sur Clichy, on n'arrivera pas à tourner la page sereinement sans procès" a estimé Fadela Amara. "A chaque fois qu'on parlera des anniversaires des émeutes de 2005, ça va être compliqué", a-t-elle redouté.
Gare à la frustration
"Il faut vraiment qu'on en termine" a ajouté l’ancienne présidente de Ni Putes ni soumises. "Je voudrais avoir une pensée pour les familles parce qu'elles ne peuvent pas terminer de faire leur deuil. Il y a une vraie attente des habitants de Clichy, qui veulent tourner la page. "Les gens, et je connais bien les habitants de Clichy, gardent une frustration qui peut parfois se transformer en rage", a témoigné la secrétaire d'Etat.
Bons et mauvais points distribués
Interrogée sur le bilan du " plan Marshall" des banlieues dont elle a la charge, Fadela Amara a reconnu qu'il y avait "un problème de coordination" entre ministères. "Il y a des ministres qui sont très bien mobilisés, Borloo très clairement, aussi Hortefeux (...). Ceux qui traînent les pieds, c'est la Santé par exemple", a "balancé" la secrétaire d’Etat.
"Le bât blesse" a t-elle reconnu. "On a un vrai problème au niveau de la tenue des conseils interministériels à la ville. J’en ai demandé deux, il n’y en a eu aucun", a précisé la secrétaire d'Etat à la politique de la Ville.