Clearstream : Baroin appelle Sarkozy au silence

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L’ancien ministre estime que le président de la République a fait "une faute" en parlant des "coupables" de l’affaire Clearstream.

François Baroin connaît bien Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin. Il a succédé à l’un au ministère de l’Intérieur, en mars 2007, alors que l’autre était Premier ministre. Interrogé jeudi sur Europe 1 au sujet de l’affaire Clearstream, le député-maire de Troyes est revenu sur le "lapsus" du président de la République, qui a parlé des "coupables" actuellement jugés mercredi soir lors d’une interview donnése sur TF1 et France 2. "Nicolas Sarkozy, il le sait très bien comme avocat et comme responsable politique, n’aurait pas dû dire cette phrase. (…) Tant qu’on est prévenu et qu’on n’a pas été jugé, on est présumé innocent. Donc c’est une faute", estime ce proche de Jacques Chirac.

Regardez l'interview de François Baroin en intégralité :

Evoquant un procès "hallucinant" et "très spectaculaire", François Baroin craint que sa "tournure politique (ne soit) toxique pour la majorité". L’ancien ministre appelle donc l’actuel président de la République à ne plus évoquer publiquement l’affaire. "Je pense vraiment, dans l’intérêt de Nicolas Sarkozy victime, qu’il ne faut plus d’expression du président de la République sur ce sujet. Et je pense que la politisation des prises de position de tous les acteurs ne doit pas interférer dans la bulle politique, sinon ça prendra une mauvaise tournure."

Quant à l’origine de l’affrontement de deux "blocs de haine", François Baroin a sa théorie. "Je considère encore que la blessure entre les chiraquiens et les balladuriens n’a jamais été refermée. On s’est retrouvé à la fin du mandat de Jacques Chirac (…) dans une relance de rivalité, de revanche. C’est un peu la queue de comète de cet esprit de revanche, dans un sens comme dans l’autre" qui pèse sur le procès, selon lui.

François Baroin est également revenu sur la polémique du moment concernant l’idée lancée par Jean-François Copé de taxer les indemnités d’accident de travail. "Il y a un côté un peu triple peine dans cette affaire, estime le député de l’Aube. Avoir un accident au travail, en général on ne le souhaite pas vraiment. Ne pas aller travailler, pour beaucoup de personnes, c’est une souffrance. (…) Fiscaliser quelque chose qui fait partie de l’équilibre général de la vie en entreprise (…), ça me paraît menaçant pour l’équilibre."

Enfin, si François Baroin reconnaît à Jean-François Copé de "faire bouger les lignes de la société", il estime aussi qu’il ne "faut pas prendre toutes les mouches qui volent pour des idées. (…) Cette idée-là, je pense que c’est du blé en herbe, et même si on ne coupe pas le blé en herbe, je pense que cette fois-ci on peut le faire."