Chrysler : la fin du rêve américain de Daimler

  • Copié
Administrator User , modifié à
DaimlerChrysler a conclu lundi la vente de la majorité de Chrysler Group, sa branche américaine, au fonds de capital-investissement Cerberus Capital Management pour un prix de 5,5 milliards d'euros. La somme représente moins d'un quart du prix payé il y a neuf ans pour créer le géant germano-américain mais le mariage n'a jamais tenu ses promesses.

Le rêve américain avait tourné au cauchemar. Après plusieurs mois de discussions et de spéculations, la vente de Chrysler par Daimler est signée. Le fonds de capital-investissement Cerberus Capital Management reprendra 80,1% de Chrysler et de ses filiales de services financiers pour un prix de 5,5 milliards d'euros. Le groupe allemand reconnaît ainsi l'échec de son rapprochement avec le troisième constructeur automobile américain, présenté en 1998 comme l'acte de naissance d'un géant mondial. Le mariage n'a jamais tenu ses promesses et le prix de vente représente moins d'un quart du prix payé il y a neuf ans pour créer le géant germano-américain. En 1998, Daimler avait payé 36 milliards de dollars pour Chrysler. Le président du directoire de Daimler, Dieter Zetsche, reconnaît aujourd'hui que les avantages de la fusion avaient été surestimés, notamment parce que les automobilistes américains n'était pas prêts à payer le prix des technologies innovantes développées en Allemagne. Le rachat par Cerberus marque la première prise de contrôle d'un grand constructeur américain par un fonds d'investissement. Le président de Chrysler, Tom LaSorda, a assuré que la cession n'accroîtrait pas le nombre des suppressions de postes au sein de l'entreprise, nombre fixé à 13.000 dans le plan de restructuration dévoilé en février. L'accord ne décharge cependant pas Chrysler des engagements de retraite et d'assurance santé de ses salariés. C'est d'ailleurs l'une des inconnues du redressement de Chrysler car ces engagements sont eux-mêmes liés aux accords conclus avec le puissant syndicat United Auto Workers (UAW) et s'élevaient à environ 14,1 milliards d'euros fin 2006. Daimler a précisé que Chrysler continuerait d'assumer ses engagements. Mais les analystes estiment qu'il devra, pour tenir son objectif de renouer avec la rentabilité en 2008, conclure un nouvel accord avec l'UAW lui permettant de réduire ses dépenses de santé. Pour le groupe allemand, qui prévoit de changer sa raison sociale au profit de "Daimler AG", la cession est financièrement coûteuse : sur les 5,5 milliards d'euros prévus, il n'encaissera qu'un milliard, le solde allant renflouer les fonds propres de Chrysler et de ses filiales de crédit. Daimler va en outre accorder à son ex-division un prêt de trois milliards d'euros. Au total, l'accord avec Cerberus devrait donc amputer de trois à quatre milliards d'euros le bénéfice net 2007 du groupe allemand. Etienne Guffroy (avec Reuters)