"Les premiers discours de Madame Taubira ont été contre l'emprisonnement"

Christiane Taubira, lors de son discours de départ après avoir annoncé sa démission de la fonction de garde des Sceaux, mercredi 27 janvier.
Christiane Taubira, lors de son discours de départ après avoir annoncé sa démission de la fonction de garde des Sceaux, mercredi 27 janvier. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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L’avocat Thibaut de Montbrial et le pénaliste Jean-Yves Le Borgne étaient invités de Médiapolis, samedi matin sur Europe 1, où ils ont notamment commenté le mandat et la personnalité de l’ex-garde des Sceaux, Christiane Taubira. 
INTERVIEW

"Je fais partie des gens qui considèrent que Christiane Taubira est un personnage politique un peu atypique, très engagé et qui a des convictions qu’elle crie haut et fort - ce qui est plutôt bien, lorsqu'on fait de la politique", a indiqué dans Médiapolis, sur Europe 1 samedi matin, Thibaut de Montbrial, président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure. Le problème pour l’avocat au barreau de Paris, c’est que la ministre avait "des positions dogmatiques" qui, dès leur première expression, ont "conduit à une sorte de message qui, dans la rue, a été compris par la petite délinquance comme une sorte de laxisme". Même si, concède-t-il, "la réalité est plus complexe". 

Le délinquant doit "sentir la sanction pénale". "Les premiers discours de Madame Taubira ont été contre l'emprisonnement", a précisé Thibaut de Montbrial. Or, pour cet avocat souvent conseil de policiers, ceux-ci sont persuadés d'une chose : "Ce n'est pas tant la sévérité de la justice qui est attendue que sa certitude". Autrement dit, "il faut que le petit délinquant interpellé sente la sanction pénale, qu'il sente l'autorité de la République". 

Un style unanime, mais un bilan mitigé. Pour Jean-Yves Le Borgne, célèbre pénaliste également invité de Médiapolis, l'action de la ministre de la Justice, qui a démissionné mercredi dernier, "est assez controversée". Alors, même si "son esthétisme, son brio intellectuel sont des éléments indiscutables", Jean-Yves Le Borgne estime qu'il "faut faire attention à ce que cet aspect favorable et brillant ne cache un certain vide au niveau de l'action".

Le pénaliste admet que l'ancienne garde des Sceaux, remplacée par Jean-Jacques Urvoas, "n'a visé que la petite délinquance, que la problématique de l'enfermement". "Je pense qu'il faut avoir une vision double : à la fois sur ce qui peut être l'objet d'une rééducation, et qui est une marginalité sociale - ça, elle l'avait bien compris", ajoute Jean-Yves Le Borgne. "Mais sur la grande délinquance, il faut aussi des initiatives. Et ça, on les attend encore."

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