Christiane Taubira a démissionné, Urvoas nouveau garde des Sceaux

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La ministre de la Justice, en désaccord avec François Hollande sur la déchéance de nationalité, a annoncé sa démission mercredi.

Sur la sellette depuis plusieurs semaines, en désaccord profond avec le Premier ministre et le Président de la République sur la mesure de déchéance de nationalité, Christiane Taubira a présenté mercredi sa démission du poste de ministre de la Justice. Selon un communiqué de l’Elysée, le président de la République "a accepté" la décision de la garde des Sceaux. "Ils ont convenu de la nécessité de mettre fin à ses fonctions au moment où le débat sur la révision constitutionnelle s’ouvre à l’Assemblée nationale, aujourd’hui (mercredi), en Commission des Lois", écrit le palais présidentiel.

Urvoas nouveau garde des Sceaux. C’est Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des Lois de l’Assemblée nationale, qui remplace Christiane Taubira. "Il portera, aux côtés du Premier Ministre, la révision constitutionnelle et préparera le projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et la réforme de la procédure pénale", écrit l'Elysée.

Une demi-surprise. La démission de Christiane Taubira est une demi-surprise. D’un côté, François Hollande rechignait à s’en séparer malgré les prises de position très fermes de sa ministre sur la déchéance de nationalité, en raison essentiellement de la popularité indéniable de l’ex-garde des Sceaux à gauche. Mais d’un autre côté, la position de Christiane Taubira devenait intenable, alors que le président de la République se montrait inflexible. C’est d’ailleurs Manuel Valls seul, contre toute pratique traditionnelle, qui s’apprêtait à défendre la révision constitutionnelle devant l’Assemblée. Un signe, a posteriori, que les jours de Christiane Taubira au gouvernement étaient comptés. 

La désormais ex-ministre de la Justice a réagi sur Twitter, fidèle à son style lyrique. Au passage, elle glisse une critique en creux des positions du gouvernement et du Président de la République, en se plaçant du côté de "l'éthique" et du "droit".

La réforme constitutionnelle devant la commission des Lois. C'est tout sauf un hasard du calendrier : la démission de Christiane Taubira a été annoncée quelques minutes avant la confirmation que le concept de déchéance de nationalité serait bel et bien inscrit dans la Constitution - si la révision constitutionnelle était acceptée. C’est Manuel Valls en personne qui défendra le texte de la réforme dans la matinée en commission des Lois. Devenu ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas laisse son poste de rapporteur officiel de la réforme à Dominique Raimbourg. Seule concession accordée par le gouvernement aux opposants, souvent de gauche, au projet : la référence aux binationaux est supprimée. Insuffisant, semble-t-il, pour Christiane Taubira.