Chômage : l'exécutif s'enfonce dans ses certitudes

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Fabienne Cosnay, Caroline Roux et David Doukhan , modifié à
L'INFO POLITIQUE - François Hollande a perdu son pari. Mais l'heure n'est pas à l'autocritique. Au contraire.

Le pari est perdu … François Hollande a perdu son pari : loin de s'inverser, la courbe du chômage est repartie à la hausse en décembre, enregistrant même un nouveau record avec 3,3 millions de demandeurs d'emplois sans activité. Mais alors que les chiffres sont sans ambiguïté, à l'Elysée, on a fait le choix du déni.

>>> "Pas une once d’autocritique mais un mur de certitudes", note Caroline Roux

Tout va très bien madame la marquise...par Europe1fr

... mais les résultats sont jugés "très satisfaisants". "On pourrait presque se demander si l’information est arrivée jusqu’au château tellement les commentaires sont hors sol", tranche l'éditorialiste politique d'Europe 1 Caroline Roux. Dans l'entourage du président, en effet, pas une once de regrets affiché. L'heure est même à la satisfaction générale. "Les résultats sont très satisfaisants sur le chômage des jeunes, nous sommes tout prêts de l’inversion", commente ainsi l'un des plus proches conseillers de François Hollande. "L’inversion est faite, l’inversion, c’est la stabilisation", renchérit, presque exaspéré, un autre membre du staff présidentiel.

 

"Une intuition" (sic) de Hollande. François Hollande ne s'est-il pas fait prendre à son propre piège en donnant aux Français rendez-vous dans un an pour constater l'inversion de la courbe du chômage ? Fixer un objectif daté n'était-il pas maladroit ? Dans l'entourage de François Hollande comme au ministère de l'Emploi, "pas une once d’autocritique, mais un mur de certitude", résume l'éditorialiste politique d'Europe 1 Caroline Roux. "Aucun regret, il fallait trouver un moyen de mobiliser contre le chômage", justifie ainsi un membre de Bercy. Si François Hollande s’est engagé ainsi sur ce calendrier, c’est parce qu'il avait eu "une intuition", assure encore un de ses collaborateurs.

francois hollande

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Tout miser sur le pacte de responsabilité. D'une promesse non tenue faite aux Français, il s'agit désormais de tout miser sur le nouveau "dada" du président, le pacte de responsabilité. Depuis sa visite en Turquie, François Hollande a donné son nouvel objectif numéro un. "La seule conclusion qu'il convient de tirer, c'est que plus que jamais, le pacte de responsabilité devient un devoir qui engage tout le gouvernement", a martelé le chef de l'Etat.

Un coup de poker. En privé, les spécialistes de l’Elysée ont repris leurs calculs et continuent d’espérer une inversion de la courbe du chômage d'ici mars ou avril, conséquence, selon eux, de l’annonce du pacte de responsabilité sur la confiance des entreprises. D'ailleurs, dès mercredi matin, à peine rentré de sa visite d'Etat en Turquie,  François Hollande recevra plusieurs ministres à l’Elysée pour une réunion consacrée au fameux pacte. A charge ensuite pour Matignon de préciser très rapidement les modalités et le calendrier. "C’est notre dernière carte, il faut qu’elle soit gagnante, c’est notre quinquennat qui en dépend", confie en off un ami du président.

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