Cheminade, "el gaucho" de l'élection

Il a effectué le début de sa scolarité au collège français de la capitale argentine.
Il a effectué le début de sa scolarité au collège français de la capitale argentine. © Julien Lemaître
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Charles Carrasco , modifié à
Le candidat de Solidarité et Progrès suscite l'interrogation des médias argentins.

Jacques Cheminade semble condamné à un score minuscule lors du premier tour de la présidentielle. Pourtant, la personnalité atypique du président de Solidarité et Progrès intéresse au-delà de nos frontières. En Argentine, des journaux lui ont récemment consacré quelques "pages".

La raison ? Sa double nationalité franco-argentine. Jacques Cheminade, 70 ans, est né en 1941 de parents français installés dans le quartier Belgrano, à Buenos Aires. Il a effectué le début de sa scolarité au collège français de la capitale argentine avant de quitter, à 17 ans, le pays des "gauchos" (les gardiens de troupeaux argentins de la pampa).

"Un milieu intellectuel" qui exclut le racisme

"Un argentin, président de France", titre sur son site Web, la télévision Terra. "Même si tout le monde ne l'aime pas en France, il a réussi à obtenir les 500 signatures", en signalant que la performance est d'envergure : "même Dominique de Villepin, l'ancien Premier ministre n'y est pas arrivé", rappelle la télé argentine.

L'intérêt des médias argentins vient en partie du fait que Cheminade revendique ses racines argentines. "Il y a dans l'Argentine de cette époque, et notamment au collège français, un mélange d'hommes et de femmes d'origines très différentes, un débat permanent sur l'avenir, un milieu intellectuel excluant par nature toute forme de racisme ou de xénophobie", affirme le candidat sur son blog.

Il n'a d'ailleurs rien perdu de la langue de Cervantes. Comme en témoigne cette interview qu'il a accordée à un blog hispanophone dans un espagnol aux accents argentins :

Cheminade, l'OPNI de la campagne

"Mais qui est donc cet Argentin excentrique qui veut être le président français ? ", s'interroge le journal Perfilqui consacre une pleine page de décryptage sur le détonnant candidat de la présidentielle. Sa personnalité intrigue dans une campagne où règne autour de lui un climat de "suspicions, de questions, d’accusations" et d'une presse qui le qualifie de "conspirationniste", "parano" et "déséquilibré".

Un autre quotidien argentin Pagina 12, le qualifie de "OPNI, un objet politique non identifié", rappelant toutes les déclarations "loufoques" du président de Solidarité et Progrès : "la Grande-Bretagne a organisé l'accession au pouvoir d'Hitler, les Beatles sont une émanation des services secrets britanniques, les attentats du 11 septembre faisaient partie du plan de l'administration Bush et la colonisation de la Lune et Mars".

"Energique et serein"

"Energique et serein", Jacques Cheminade "ne recule devant rien même lorsqu'il peut lire un sourire sur le visage de son interlocuteur", affirme le journal qui ajoute que le candidat offre "un remède culturel aux dangers qui nous guettent".

Alors que lui-même se qualifie de "gaulliste social" et que certains lui prêtent des accointances avec l'extrême droite, Jacques Cheminade affiche son intérêt pour la gauche sud-américaine. Sa préférence ? "Rafael Correa", le président de l'Equateur, pour qui il dit avoir "une sympathie". Mais il apprécie surtout la "volonté d'union" des pays du continent sous le giron d'Hugo Chavez, le président du Venezuela, d'Evo Morales, le président de la Bolivie et de Cristina Kirchner, la présidente d'Argentine qui est aussi sa présidente.